Repenser le terrorisme : Nouvelles menaces, nouvelles politiques

Mis en ligne le 12 Juin 2018

Avec cet article, l’auteur, officier supĂ©rieur de la Garde nationale tunisienne depuis peu retirĂ© du service actif, nous propose un rĂ©examen du terrorisme, au prisme de son parcours professionnel comme de ses travaux de recherche. S’appuyant sur une mise en perspective historique, l’auteur s’interroge sur les racines du phĂ©nomĂšne et souligne notamment une difficultĂ© et un risque : la dĂ©finition du terrorisme et l’écueil Ă  Ă©viter de la confusion entre terrorisme et lutte lĂ©gitime. Son approche de ces questions, vue d’un praticien de la sĂ©curitĂ© de la rive sud de la MĂ©diterranĂ©e, offre donc un point de vue singulier.


Les opinions exprimĂ©es dans cet article n’engagent pas le CSFRS.

Les références originales de ce texte sont : Mohssen Ben Aissa, « Repenser le terrorisme: Nouvelles menaces, nouvelles politiques », CSFRS.

Ce texte, ainsi que d’autres publications peuvent ĂȘtre visionnĂ©s sur le site du CSFRS :


Repenser le terrorisme : Nouvelles menaces, nouvelles politiques

 

Repenser le terrorisme : Nouvelles menaces, nouvelles politiques       

Le terrorisme[1] ne date pas d’aujourd’hui.  Il est probablement aussi vieux que la guerre. C’est un concept vaste qui dĂ©signe des actes trĂšs divers dans des contextes politiques et historiques diffĂ©rents. Il n’est pas nĂ© le 11 septembre 2001 avec l’effondrement du World Trade Center. L’anciennetĂ© historique et la diversitĂ© gĂ©ographique  de ce phĂ©nomĂšne  sont largement connues des institutions  militaires et  sĂ©curitaires. Tous les continents ont connu une ou plusieurs  formes de terrorisme. Ainsi, l’Histoire porte la marque de plusieurs  assassinats et actions politiques. Ces actions servaient autrefois un terrorisme contre des personnes[2]. Elles servent dĂ©sormais un terrorisme dirigĂ© contre des Etats ou des sociĂ©tĂ©s[3].

Ce phĂ©nomĂšne n’a Ă©pargnĂ© aucun pays. Le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations Unies, Antonio Guterres, a soulignĂ© que le dĂ©partement de la lutte contre le terrorisme a recensĂ©, dans le monde en 2016 : 11 000 attaques dans plus de 100 pays. Elles ont tuĂ© plus de 25.000 personnes  et blessĂ© plus de 33.000 individus[4].

Ainsi, notre monde est dĂ©sorientĂ© par ce type de risque  qui constitue une menace majeure pour toutes les sociĂ©tĂ©s. Ces dĂ©fis sont trop importants pour qu’un seul pays, quel qu’il soit, puisse les relever seul.

 

Les racines du mal

 

Depuis  1798  date de l’apparition  du terme « Terrorisme »  pour dĂ©signer un mode de gouvernement,  et malgrĂ© la qualification des actes terroristes comme faits criminels en 1934 par la SociĂ©tĂ© des Nations,  la violence   terroriste a pris des dimensions inattendues. Le monde semble vivre une nouvelle tragĂ©die de l’histoire humaine.

La liaison des  Ă©vĂ©nements de Mars 1881  avec l’assassinat du tsar Alexandre II , les attaques du 11 septembres 2001 aux Etats-Unis, la guerre en Afghanistan et les tensions internes  actuelles  au YĂ©men, Syrie, Irak  et Libye  dĂ©montrent  non seulement l’ampleur et le dĂ©veloppement du phĂ©nomĂšne   mais  relĂšvent   aussi des lacunes et insuffisances  dans les stratĂ©gies adoptĂ©es , qui misent sur  les solutions sĂ©curitaires  et militaires  au dĂ©triment des causes rĂ©elles, politiques et  Ă©conomiques.

Depuis la fin de  la deuxiÚme  guerre mondiale, les mouvements extrémistes  ont connu le plus important changement  de stratégie. Ils  ont adopté des approches qui exploitent les faiblesses des gouvernements  dans des domaines sociaux économiques culturels et éducatifs   et  qualifient leurs actes comme une réaction du faible contre le fort .

Pour comprendre la genĂšse de ce changement dans la stratĂ©gie des mouvements extrĂ©mistes, il faut revenir Ă  deux dates charniĂšres : 1979 et 1990. L’annĂ©e 1979 est dĂ©terminante dans la mesure oĂč elle est marquĂ©e par la conjonction de trois Ă©vĂ©nements capitaux : l’arrivĂ©e au pouvoir  de Khomeiny Ă  TĂ©hĂ©ran, donc la prise du pouvoir par les radicaux chiites, la prise de la Grande MosquĂ©e de la Mecque –lieu saint musulman- par Jouhaimane Al-Outaili, et l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviĂ©tiques. Afin d’affaiblir l’empire soviĂ©tique, des islamistes de tous bords, pro-amĂ©ricains sont envoyĂ©s en Afghanistan pour se battre contre l’ArmĂ©e rouge. C’est avec la victoire des Afghans et des volontaires arabes et musulmans du monde entier sur l’ArmĂ©e rouge que l’islamisme politique enregistre son succĂšs militaire le plus Ă©clatant, qu’il interprĂšte immĂ©diatement en termes idĂ©ologiques.

L’annĂ©e 1990 est caractĂ©risĂ©e par la montĂ©e de l’antiamĂ©ricanisme qui ira de pair avec une exacerbation de la violence des groupes islamistes. Si l’islam radical a Ă©chouĂ© dans ses projets politiques, il se dĂ©veloppe en tant que mouvement terroriste. Et si Al Qaida est crĂ©Ă©e dĂšs 1988, c’est dans le contexte de radicalisation des annĂ©es 1990 que cette structure forge sa doctrine, et plus prĂ©cisĂ©ment Ă  partir de 1996[5].

Avec l’entrĂ©e en ligne de ces mouvements islamiques extrĂ©mistes en 1990 et l’exploitation de l’arme terroriste Ă  des fins politiques, le terrorisme ne marque pas une rupture avec le passĂ©. Les armes, le cadre d’attentats ainsi que certaines tactiques sont les mĂȘmes que par le passĂ©. Seulement l’idĂ©ologie et la science constituent de nos jours  les deux mamelles de ce terrorisme moderne.

Par ailleurs, jamais une guerre terroriste n’est sainte, aussi, faut-il rappeler que le terrorisme de nos jours est en partie un produit des grandes idĂ©ologies qui ont marquĂ© les XIX et XX siĂšcles L’appel Ă  la paix lancĂ© par les reprĂ©sentants des grandes religions lors de leur rencontre de Cracovie en septembre 2009 le confirme.

Pour dissiper toute ambiguĂŻtĂ© , le droit islamique reconnait le droit de dĂ©fense lĂ©gitime  mais  pas le terrorisme et c’est ainsi qu’il est en conformitĂ© avec l’hĂ©ritage intellectuel occidental  qui a fondĂ© le droit de rĂ©sister Ă  la tyrannie et  initiĂ© les valeurs de libertĂ© de justice et d’égalitĂ© prĂŽnĂ©es  par Rousseau, Voltaire  et d’autres philosophes depuis des siĂšcles.

Graham Fuller[6], spĂ©cialiste de l’islam[7], qui a publiĂ© un livre intitulĂ©   A World Without Islam, prĂ©cise dans ce livre : « qu’ il existe une douzaine de bonnes raisons (
) pour lesquelles les relations entre l’Occident et le Proche-Orient sont mauvaises (
) : les croisades (
), l’impĂ©rialisme, le colonialisme, le contrĂŽle occidental des ressources Ă©nergĂ©tiques du Proche-Orient, la mise en place de dictatures pro-occidentales, les interventions politiques et militaires occidentales sans fin, les frontiĂšres redessinĂ©es, la crĂ©ation par l’Occident de l’Etat d’IsraĂ«l, les invasions et les guerres amĂ©ricaines, les politiques amĂ©ricaines biaisĂ©es et persistantes Ă  l’égard de la question palestinienne, etc .Rien de tout cela n’a de rapport avec l’islam. ». Enfin l’auteur conclut : « L’inflexion des politiques occidentales, qui, depuis des dĂ©cennies alimentent chaos  et haines, nous incombe », sans omettre toutefois   qu’il faille  « s’inquiĂ©ter des discours de haine propagĂ©s par certains prĂȘcheurs radicaux[8]».

Alexander Jamieson[9] dĂ©clare que : « Le terrorisme Ă©volue dans les creusets de nos sociĂ©tĂ©s, s’infiltre dans les espaces non-contrĂŽlĂ©s entre les États, se glisse entre les nombreuses mailles du filet juridique, et occupe les vides crĂ©Ă©s par les inĂ©galitĂ©s sociales et politiques.  En consĂ©quence, les terroristes  utilisent ces failles en vue de mieux hĂ©berger et de mieux installer leurs organisations, dĂ©sormais capables de dĂ©fier la souverainetĂ© des États[10] ».

 

La guerre contre le terrorisme[11]

 

L’ordre mondial  qui a Ă©té  Ă©tabli depuis l’effondrement  du bloc soviĂ©tique  en 1991   est  violemment remis en cause. La suprĂ©matie amĂ©ricaine qui n’avait pratiquement pas Ă©tĂ© contestĂ©e comportait des failles.

La « guerre[12] contre le terrorisme »  a des implications mondiales, elle reste l’objet  de controverse dans de nombreux milieux qui demandent  son examen sur la base du respect des droits de l’homme, du droit international humanitaire et le droit au dĂ©veloppement. Nous sommes entre deux courants opposĂ©s sur cette question. Certains  mettent la responsabilitĂ© sur les islamistes et appellent  Ă  un renforcement de l’approche sĂ©curitaire, d’autres soulĂšvent des questions fondamentales  Ă  savoir : la justice, la libertĂ©, le renforcement de  la  sĂ©curitĂ© et le dĂ©veloppement humain. Le dĂ©fi auquel le monde  est confrontĂ© ne doit pas dĂ©boucher sur une guerre des cultures, mais une guerre contre les fanatiques. Il faut rechercher les racines du mal. En ce sens, les États plus que les mĂ©dias ont leur part de responsabilitĂ©. Le monde a besoin de  plus d’humanitĂ©,  de justice, de droits de l’homme et non d’un recul de ces valeurs.

De plus, la notion de « jihad[13] »  est l’un des aspects les plus mal compris et les plus dĂ©formĂ©s de l’islam. Il existe certains musulmans qui exploitent ce concept et qui en font un mauvais usage afin de parvenir Ă  leurs fins politiques. Des non-musulmans en donnent une interprĂ©tation dĂ©formĂ©e afin de discrĂ©diter l’islam et les musulmans.  Dans  le coran, ce mot est employĂ© sous ses diffĂ©rentes formes Ă  33 reprises. Il dĂ©signe la lutte aussi bien au niveau individuel qu’au niveau social. C’est la lutte pour accomplir le bien et Ă©radiquer l’injustice, l’oppression, et le mal dans l’ensemble de la sociĂ©tĂ©.  L’islam promet des moyens pacifiques pour mener au changement et Ă  la reforme. Il n’est donc pas admis d’agir en utilisant des arguments  pervertis pour justifier l’emploi du terrorisme au profit de leur cause, arguments tels que « dar solh » (la relation entre le califat et ses vassaux chrĂ©tiens); puisque les Etats non-musulmans ont signĂ© des conventions et des pactes avec des Etats musulmans, ou «  dar harb » (le domaine de la guerre avec les pays ennemis). De nos jours l’ONU tient lieu de pacte liant les pays du monde  par un accord de non agression et de paix, y compris les pays musulmans membres de l’ONU[14].

Il est difficile voire impossible d’Ă©radiquer le terrorisme dans un monde divisĂ©. Le terrorisme en est dĂ©jĂ  Ă  un troisiĂšme stade de son dĂ©veloppement. AprĂšs l’étape des dommages localisĂ©s, il a essayé  de focaliser  le combat dans la sphĂšre de la communication pour  produire des  effets  psychologiques  et symboliques  en ciblant  les populations civiles  et  menace  aujourd’hui de  recourir   Ă  la violence nihiliste.

Pour plusieurs raisons, les États arabes, constituent une composante importante dans le dispositif international de lutte contre le terrorisme. Plusieurs pays  sont  directement ciblĂ©s, sur leur territoire, par un  extrĂ©misme radical, avant et depuis le 11 septembre 2001, et dont les acteurs s’inscrivent  dans des rĂ©seaux internationaux. Les extrĂ©mistes  menacent les États-Unis ou les États occidentaux,  mais  attaquent aussi et, de plus en plus, les États arabes[15]. Faut-il rappeler que depuis les annĂ©es 1980, le plus grand nombre d’opĂ©rations terroristes spectaculaires a eu lieu en Égypte, au Maroc, en AlgĂ©rie, en Arabie Saoudite, en Irak, en Syrie, au YĂ©men, en Libye et en Tunisie. La prise en considĂ©ration du caractĂšre tangible de la menace pour la rĂ©gion et la  nĂ©cessitĂ© d’implication dans la lutte menĂ©e par la communautĂ© internationale, doivent  conduire   les pays arabes et occidentaux Ă  aller vers une plus grande coopĂ©ration, dĂ©velopper de nouvelles approches  dans les politiques de sĂ©curitĂ© et renforcer les partenariats.

 

DĂ©finir le terrorisme

 

Toutefois,  la lutte contre ce flĂ©au a clairement dĂ©montrĂ© la nĂ©cessité  d’aboutir Ă  un  accord sur la  dĂ©finition de ce phĂ©nomĂšne.

 


Le terrorisme en Tunisie

Le terrorisme  n’est pas propre Ă  la Tunisie de par sa conduite, sa politique de recrutement, son organisation, ses objectifs et ses origines. Il y a un lien entre le terrorisme tunisien et celui existant dans la rĂ©gion et dans le monde puisqu’il s’agit d’un phĂ©nomĂšne international. Ce phĂ©nomĂšne est apparu dans les annĂ©es 1980, Ă  la suite de la crise des valeurs, Ă  l’anĂ©mie socio-Ă©conomique. Avec le temps, il a connu une Ă©volution dĂ©terminĂ©e par des facteurs idĂ©ologiques et socio-Ă©conomiques.

La premiĂšre pĂ©riode a Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©e par l’escalade croissante de la violence du Coup d’Etat de Gafsa en janvier 1980 et s’est terminĂ©e en 1987. La seconde est la pĂ©riode comprise entre fĂ©vrier 1995 (attaque terroriste contre le poste frontalier de la garde nationale rĂ©gion « Sondos » Gouvernorat de Tozeur), et les Ă©vĂšnements terroristes de Soliman en 2007,Gouvernorat de Nabeul. Cette pĂ©riode est caractĂ©risĂ©e par l’espacement dans le temps des attentats. Le soutien actif et passif Ă©tant coupĂ©, le terrorisme est presque Ă©radiquĂ©. La troisiĂšme est celle d’aprĂšs le 14 janvier 2011 jusqu’à ce jour. La faiblesse de l’État et l’anarchie sĂ©curitaire ont fait accĂ©lĂ©rer la violence. Le point culminant est l’assassinat du leader politique Chokri Belaid en fĂ©vrier 2012. Une lutte anti-terroriste est engagĂ©e Ă  travers des mesures militaires et sĂ©curitaires, mais elles ne sont pas suffisantes*.

En Tunisie, le nombre des personnes jugées pour terrorisme a atteint 1500 détenus, a révélé le porte-parole du pÎle judiciaire de lutte contre le terrorisme.

“Le nombre des terroristes tunisiens se trouvant actuellement dans les zones de guerre s’élĂšve Ă  2929 personnes tandis que le nombre de ceux qui sont revenus de ces zones de conflit avoisine les 160 personnes”, a-t-il ajoutĂ© lors d’un congrĂšs international sur la jeunesse et le terrorisme tenu Ă  Tunis. Et d’ajouter que 90% des terroristes revenus des zones de conflit sont incarcĂ©rĂ©s. Il a fait savoir que la tranche d’ñge des ces terroristes est comprise entre 25 et 29 ans, soulignant que 70% d’entre eux ne sont pas mariĂ©s.  Selon les donnĂ©es fournies par le porte-parole, 43% des Ă©lĂ©ments terroristes ont un niveau d’études secondaires, 47% ont un niveau d’études primaires et 4% seulement ont atteint les Ă©tudes supĂ©rieures. Les terroristes ayant rejoint les zones de conflit sont issus du grand Tunis (32%), des rĂ©gions cĂŽtiĂšres (28%), du sud (23%), du centre (9%) et du nord (8%)**.

*https://nawaat.org/portail/2014/07/27/le-terrorisme-en-**tunisie/https://directinfo.webmanagercenter.com/2018/05/10/la-tunisie-compte-1500-personnes-detenues-juges-pour-terrorisme-sofien-sliti/


 

La plupart des termes utilisĂ©s pour le dĂ©finir crĂ©ent la confusion. Les termes « IntĂ©grisme » et « Fondamentalisme »  sont deux concepts Ă©laborĂ©s dans un contexte socio-religieux propre Ă  l’Occident.  Chacune de ces notions reflĂšte une expĂ©rience et un contexte particulier.  Le terme « intĂ©grisme » est propre Ă  l’expĂ©rience catholique, alors que celui de « fondamentalisme » est apparu dans un contexte protestant.

Pour rendre compte de la singularité  de ce phĂ©nomĂšne au monde arabo-musulman, certains proposent le concept d’islamisme[16] qui leur semble plus appropriĂ©. L’état actuel de cette menace  rĂ©vĂšle des consĂ©quences dĂ©sastreuses[17] :

– Elle a terni l’image des arabes dans le monde occidental ;

– Elle a marginalisĂ© le rĂŽle international de ces pays ;

– Elle a contribuĂ© Ă  Ă©largir l’incomprĂ©hension entre les cultures.

Ainsi, la logique de la criminalisation a pris le pas sur celle de l’évaluation et de l’analyse. Cette situation reprĂ©sente donc un dĂ©fi sans prĂ©cĂ©dent pour le monde arabe.

En effet, les sociĂ©tĂ©s islamiques subissent,  Ă  des degrĂ©s divers, des distorsions profondes entre deux cultures : l’une traditionnelle, reprĂ©sentant une force d’enracinement, de conservation, voire de stagnation ; l’autre moderniste, libĂ©rant des Ă©nergies de changements, parfois d’arrachement.

Afin de se prĂ©munir,  les États arabes ont prĂ©sentĂ© dĂšs 1972 Ă  l’ONU des initiatives en matiĂšre de lutte contre le terrorisme, qui ont ensuite Ă©tĂ© approuvĂ©es par les sommets du Mouvement des pays non alignĂ©s et de l’Organisation de la ConfĂ©rence Islamique et autres institutions rĂ©gionales.

Pour l’instant,  la  dĂ©finition demeure  toujours source de graves malentendus. La Convention pour la prĂ©vention et la rĂ©pression du terrorisme, adoptĂ©e par la SociĂ©tĂ© des Nations (SDN) le 6 novembre 1937, est la premiĂšre tentative de codification d’une dĂ©finition du terrorisme[18].

Le dĂ©bat sur la dĂ©finition du terrorisme et sur ses causes s’inscrit au sein d’un affrontement politique. Consciente de l’étendue et de  la globalitĂ© de la menace, l’Organisation  des Nations Unies (ONU)  a condamné  lors de son sommet du 14 septembre 2005, pour la premiĂšre fois, pour tous les gouvernements, et sans rĂ©serve le terrorisme « sous toutes ses formes, quels qu’en soient les auteurs, les lieux et les buts », car « il constitue une des menaces les plus graves pour la paix et la sĂ©curitĂ© internationales[19]».

L’acte terroriste met en lumiĂšre une dimension politique qui s’exprime par la force symbolique d’une « Arme de faibles ».

Cette dimension politique, certes, se traduit en agression contre les valeurs occidentales et en rĂ©volte contre le maintien des dictatures arabes  et  certaines politiques irresponsables. Elle traduit Ă©galement un sentiment de dĂ©sespoir gĂ©nĂ©ralisĂ© propice aux formes de violence les plus extrĂȘmes. La lutte contre la menace  terroriste  ne peut donc que relever d’un effort concertĂ©.  Le sens stratĂ©gique dicte  que la lutte contre ce phĂ©nomĂšne  ne peut se concevoir qu’en tenant compte de l’intangibilitĂ© des frontiĂšres, de la souverainetĂ© ou encore des rivalitĂ©s pour un leadership rĂ©gional. L’approche doit Ă©galement prendre en compte les principes de sĂ©curitĂ© humaine et de sĂ©curitĂ© globale, afin de saper les fondements du terrorisme.

 

Conclusion

   

Le recours au terrorisme ne peut ĂȘtre justifiĂ© d’aucune maniĂšre. Les motivations politiques, philosophiques, idĂ©ologiques, raciales, ethniques, religieuses ou autres ne peuvent ĂȘtre avancĂ©es  pour justifier un acte terroriste. Toutefois, il y a une diffĂ©rence entre  la lutte contre le  terrorisme et la lutte lĂ©gitime engagĂ©e par les peuples conformĂ©ment  aux principes du droit international pour la libĂ©ration ou l’auto-dĂ©termination[20]. Englober dans un mĂȘme vocable des violences aux causes totalement diffĂ©rentes mĂšne Ă  la confusion, voire Ă  la guerre et a davantage de terrorisme. Face Ă  ce risque de confusion une rĂ©ponse concertĂ©e au niveau international intĂ©grant les pays arabes est nĂ©cessaire.

Certains aspects classiques de la sĂ©curitĂ© (guerres, conflits) sont par la force des choses, devenus secondaires. L’importance de la lutte contre le terrorisme, les nouveaux contenus de la sĂ©curitĂ© au niveau des reprĂ©sentations et des pratiques s’imposent dĂ©sormais Ă  l’analyse. Pour autant, alors que le phĂ©nomĂšne terroriste  connait une montĂ©e en puissance, la connaissance produite sur ce sujet n’évolue pas  au mĂȘme rythme. Dans cette guerre des perceptions oĂč chacun peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le terroriste de l’autre, repenser la lutte contre le terrorisme passe par un effort de recherche scientifique sachant mieux prendre en compte l’approche des pays arabes en la matiĂšre.

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