« Questions Stratégiques » Lauréats Concours MOOC III

Mis en ligne le 21 Fév 2019

Avec cette compilation d’articles, les trois lauréats du concours MOOC du CSFRS session III à l’automne 2018, proposent leurs réflexions sur les Dissuasions au XXIème siècle ainsi que sur les questions stratégiques clefs pour la décennie à venir et sur les orientations que la France devrait subséquemment prendre.

 


Les opinions exprimées dans cet article n’engagent pas le CSFRS.

Ces trois articles ont été écrit par les lauréats du prix MOOC : Matthieu de Ramecourt, Elsa Landry et Anne Savoy-Allain.


 

Entre hyper vélocité, hybridité et furtivité, la dissuasion au défi

par Matthieu de Ramecourt (1er prix), Contributeur pour Nemrod ECDS.

Selon le général Poirier, la dissuasion est le « mode préventif de la stratégie d’interdiction se donnant pour but de détourner un adversaire d’une initiative en lui faisant prendre conscience que l’entreprise qu’il projette est irrationnelle »[1]. L’objectif même de la dissuasion, inhérent à l’art de la guerre, est donc de faire comprendre à un potentiel adversaire qu’une action donnée est vouée à l’échec, ou synonyme de riposte rendant l’offensive contre-productive. La dissuasion est donc une relation psychologique entre deux acteurs rationnels, un dissuadant (mettant en place la stratégie de dissuasion) et un dissuadé.

Ce début de XXIème siècle est marqué par deux tendances impactant les stratégies de dissuasions. D’un point de vue politique, le retour des politiques étrangères impériales[2] remet en cause la domination du camp occidental. Cette contestation du système international renforce la méfiance entre acteurs étatiques. A cette évolution des rapports de force s’ajoute un fort développement des technologies, tant civiles que militaires. Interconnectant nos sociétés, ces dernières brouillent les repères sur lesquels se fondent les stratégies militaires (guerre/paix, soldat/civil, espace de souveraineté/étranger…).

Etudier les stratégies dissuasives appelle à la distinction de deux échelles distinctes. La première concerne la dissuasion structurante, aujourd’hui le nucléaire. Ce type de dissuasion modèle les rapports interétatiques en interdisant, par son haut degré de crédibilité et de pouvoir destructeur, un conflit interétatique majeur. Sous l’impulsion des évolutions technologiques, ce type de dissuasion tend à se dénucléariser, et à se lier à d’autres domaines stratégiques. Bien qu’évolutif, il est probable que ce type de stratégie conserve son aspect structurant, pour peu que les acteurs impliqués survivent à une course aux armements qui a déjà débutée. A l’autre bout du spectre stratégique, l’étude de la conflictualité tend à démontrer que les modes d’actions visent à éviter la confrontation interétatique, rendant partiellement caduque la dissuasion structurante. Les nouveaux modes et champs de conflictualités mêlent en effet furtivité, dualité et hybridité, compliquant l’ identification de la menace et de l’assaillant. Ce second phénomène est un réel défi pour les stratégies de dissuasion, affaiblissant la crédibilité d’une telle stratégie face à des enjeux ne relevant pas des intérêts vitaux des entités politiques.

Le maintien de la dissuasion structurante par la technologie

La dissuasion nucléaire possède actuellement le plus haut degré de dissuasion. Le jeu dissuasif nucléaire se fait entre acteurs conscients de leur extrême vulnérabilité en cas de guerre atomique. Ce haut niveau de probabilité possède un effet structurant pour les Relations Internationales. Depuis la moitié du XXème siècle, et l’acquisition par les Etats-Unis d’Amérique et l’URSS de l’arme atomique (1945-1949), cette certitude empêche de facto une confrontation directe entre les puissances détentrices de l’arme absolue.

La ritualisation de cette relation s’est ainsi progressivement construite au point que l’atome soit défini par la plupart des puissances nucléaires comme arme de non-emploi. Cependant, deux phénomènes sont susceptibles de faire évoluer les modalités de ce mode de dissuasion. Alors que la liaison nucléaire-spatial renforce la crédibilité de la riposte, la dépendance à l’espace extra-atmosphérique crée une potentielle faiblesse dans le dispositif dissuasif. Parallèlement, le développement d’armes hyper véloces remet en cause les stratégies actuelles, renforçant l’incertitude par le rétrécissement de l’espace spatio-temporel. Ces deux éléments nuisent à la crédibilité de toute puissance disposant d’une dissuasion nucléaire ne s’engageant pas dans une course aux armements qui prend actuellement de l’ampleur.

i) Dissuasion interconnectée entre grandes puissances technologiques

L’équilibre des forces nucléaires présuppose deux éléments. A la transparence, à savoir la connaissance des capacités et doctrines de l’adversaire, s’ajoute la réciprocité de la terreur par la crédibilité de la riposte.

Afin de renforcer leur crédibilité, les dissuasions nucléaires contemporaines se sont progressivement liées à de nouveaux domaines technologiques. L’utilisation militaire de l’atome s’est ainsi rendu dépendante de la composante spatiale, elle-même liée au domaine cyber. Ce lien nucléaire-spatial est particulièrement explicite tant au niveau de la prise d’information, que sur la crédibilité de la riposte. Les satellites d’alerte avancée permettent à leurs détenteurs de contrôler un possible tir de missile (nucléaires ou non), quand les satellites de télécommunication et de géolocalisation assurent respectivement une meilleure efficacité dans la chaîne de commandement, tout en augmentant la précision de la riposte.

Ainsi, bien que ne remettant pas en cause la structure même des mécanismes de la dissuasion, ces outils ouvrent des faiblesses liées au difficile contrôle des domaines cyber et spatial, augmentant le caractère stratégique de ces derniers. Ils renforcent également la nécessité pour ces puissances de maîtriser l’ensemble des domaines technologiques. Dans le cas inverse, l’acteur risque se voir relégué au rang de puissance de seconde zone, notamment par sa perte de crédibilité face aux potentielles améliorations des défenses anti balistiques (DAMB) ou capacités cyber offensives adverses.

ii) L’hyper vélocité, rupture technologique du XXIème siècle ?

La course aux armements bat son plein dans le domaine des armes hypersoniques. Ces missiles, capables de se déplacer à plus de huit fois la vitesse du son, apparaissent actuellement comme de potentiels game changer stratégiques. La majorité des puissances nucléaires affichent un intérêt officiel pour ce domaine. Précurseurs, les Etats-Unis d’Amérique (missile X-51, mach 8), ont rapidement été rejoints par la Russie (missile Kinzhal, mach 10), la Chine (CH-AS-X-13, mach 6), et potentiellement l’Inde (BrahMos-II) et la France (ASN4G)[3]. L’utilisation de tels missiles, dont la portée peut atteindre 3000km, a une conséquence stratégique considérable.

Ce type d’armement apparaît comme déstabilisateur pour les mécanismes, rodés, propre à la dissuasion nucléaire (essais officiels, communication…). Non seulement cette course aux technologies peut redistribuer les cartes des Grandes Puissances pour le XXIème siècle, mais elle multiplie également la méfiance et les possibles incompréhensions entre acteurs. La réduction de l’espace-temps privilégie ainsi la rapidité de la réponse, au risque d’une précipitation amenant à une surenchère infondée. Il renforce également le caractère stratégique des domaines spatial et cyber, alors que ces derniers apparaissent eux même comme des défis aux stratégies de dissuasion.

Entre retour du brouillard et hybridité, vers des manœuvres dissuasives à faible crédibilité

Alors que les actions militaires directes sont rendues impossibles par la dissuasion structurante, les stratégies vont devoir tendre vers la notion de manœuvre dissuasive. En effet, face à un contexte technologique marqué par les notions d’hybridité, de furtivité et de dualité, la certitude de l’identification de la menace et de l’agresseur s’affaiblit. Ces potentielles attaques aux effets destructeurs amènent à interroger les stratégies dissuasives actuelles, liant systématiquement attaque à riposte massive. La pensée stratégique doit s’adapter à ce nouvel environnement marqué par l’incertitude.

i) Hybridité, furtivité et dualité 

Tant sur terre que dans les nouveaux espaces de confrontation (espace extra-atmosphérique, cyberdomaine), l’hybridité, la furtivité et la dualité rendent caduque toute stratégie dissuasive hautement crédible. Ces trois éléments se posent ainsi comme les principaux défis aux dissuasions du XXIème siècle, nuisant à l’identification de l’adversaire et à la crédibilité de la riposte.

Les caractéristiques physiques de l’EEA, liées au haut niveau technologique de leurs activités, facilitent les opérations militaires furtives. L’identification des menaces et des attaques (brouillage électromagnétique, aveuglement…) apparait comme un exercice particulièrement délicat. Il en va de même pour le cyberdomaine. Milieux construit par l’homme, il comprend tant des éléments physiques (câbles, ordinateurs…) que des éléments virtuels (logiciels, programmes) et abstraits (information contenue…)[4]. Pour ces deux milieux, les doctrines sont confrontées à la difficile identification de la menace, de l’attaque et à sa quasi impossible attribution à une puissance étatique. Les enquêtes à la suite de la tentative de piratage de la centrale nucléaire iranienne par le virus Stuxnet (2010)[5] n’ont, malgré les plaintes officielles contre Israël, jamais pu aboutir à une quelconque responsabilité étatique. De la même façon, malgré les dénonciations officielles et un droit international applicable, la Fédération de Russie n’a jamais expliqué l’approche volontaire d’un satellite français par l’un des sien, manouvrant[6]. Ainsi, comme l’affirme la ministre française des Armées en Septembre dernier à Toulouse, «  le milieu spatial, un peu comme le milieu cyber, offre le confort de l’action dans l’ombre, la garantie presque totale de l’impunité lorsqu’il s’agit d’espionner ou d’interrompre des services ».

Le jeu entre Grandes Puissances s’en trouve affecté. La crédibilité de la dissuasion, tant au sujet de l’identification de l’attaque que de son attribution et de l’efficacité de la riposte, semble compromise.

ii) Menace de représailles mineures, résilience : vers le retour de manœuvres dissuasives à crédibilité relative

Les doctrines militaires officielles tendent actuellement à évoluer face à ces phénomènes. Alors que classiquement la réponse militaire envisageait, pour toute attaque terrestre, cyber ou spatial, la force brute, les discours stratégiques évoluent. L’objectif visé n’est plus l’équilibre de la terreur, mais un ensemble de manœuvres  sectorielles dissuasives.

La dissuasion spatiale est un parfait bon exemple. Complexe, elle repose selon le général Testé sur quatre piliers[7]. Les infrastructures militaires doivent ainsi être résilientes, les menaces doivent être anticipées, les infrastructures sensibles renforcées, et le cas échéant, une réponse militaire doit être envisagée. Ainsi Fred Kennedy, membre de la DARPA, explique à la revue SpaceNews que le Pentagone axe sa réflexion stratégique autours de la notion de résilience : « the Pentagon is directing space procurement organizations to focus on resiliency in a future armed conflict »[8]. Ces manœuvres rompent avec dissuasion nucléaire « absolue »,  basée sur le peur intersubjective de la riposte nucléaire. La stratégie adoptée tend à promouvoir une série de mesures faisant prendre conscience  à l’adversaire que l’attaque n’arrivera jamais à fins, même si elle reste possible.

Penser les dissuasions au XXIème siècle revient ainsi à distinguer deux mouvements. Le premier concerne la dissuasion à forte crédibilité et à haut niveau de destruction. Aujourd’hui dominée par l’arme nucléaire, demain potentiellement par les armes hypersoniques, ce type de dissuasion structure les Relations Internationales en empêchant un conflit généralisé. La tendance pour cette dissuasion structurante repose sur les évolutions technologiques, seules à même de déstabiliser un acteur en lui retirant sa crédibilité. En revanche, face à l’impossible conflit directe entre grande puissance, les modalités de la conflictualité évoluent. Les notions d’hybridité, de furtivité et de dualité marquent en effet les confrontations les plus récentes. Sans possible attribution à une entité étatique, les stratégies du XXIème vont devoir innover en multipliant les manœuvres dissuasives sectorielles à faible crédibilité, et en privilégiant la résilience des moyens engagé.

Questions stratégiques

Par Elsa Landry (2ème prix), Etudiante en Affaires Européennes à Sciences Po Lille et à Münster Universität.

Le monde en cette fin d’année 2018 est en pleine mutation. La mondialisation s’accélère entraînant davantage de flux transnationaux, connectant d’autant plus les Etats entre eux. Dans le même temps, les conflits entre grandes puissances persistent en mer de Chine, en Ukraine pour n’en citer que certains. En parallèle de cela, les technologies se développent avec une rapidité jamais égalée: le développement de l’intelligence artificielle, les nouveaux modes de communication et l’Internet des objets bouleversent notre quotidien. A cela, nous pouvons ajouter des tendances lourdes qui se dessinent depuis plus longtemps, ayant des effets considérables sur la géopolitique mondiale: l’urbanisation, la croissance démographique mondiale et le dérèglement climatique.

Les équilibres géopolitiques se transforment: le système politique international est contesté par des acteurs privés mais aussi étatiques. Les menaces auxquelles les Etats et les populations civiles font face se complexifient.

En partant de ce constat, nous pouvons nous demander comment la France devra s’adapter pour conserver une place centrale dans la mondialisation et l’ordre politique international ? Pour répondre à ces questions essentielles, il faut d’abord présenter le cadre du système international dans la décennie à venir. Cela permettra par la suite de s’interroger sur les secteurs clés dans lesquels la France devra investir et développer ses capacités. Pour terminer, nous verrons par quelles stratégies la France pourrait conserver une place centrale dans la gouvernance mondiale dans la décennie à venir.

  1. L’ordre mondial en mutation: les tendances principales des dix prochaines années.

En partant des tendances actuelles, nous pouvons dessiner les possibles évolutions à venir. Bien sûr, des phénomènes de rupture pourront avoir lieu, venant bouleverser les transformations en cours.

Nous observons en 2018, un basculement dans l’équilibre géopolitique existant. Le système international est en pleine recomposition stratégique qui s’achèvera vraisemblablement dans la décennie à venir. Le monde occidental et notamment les Etats-Unis perdent progressivement leur « suprématie » économique et militaire face à de nouveaux acteurs étatiques comme la Chine et l’Inde. En effet, la Chine est devenue première puissance commerciale mondiale en 2013.

Nous assistons à la formation d’un monde multipolaire où le monde occidental n’est plus la seule puissance déterminante. De nouveaux centres de pouvoirs et d’influence se dessinent, notamment grâce à la croissance économique des BRICS, qui développent aussi leurs capacités militaires et diplomatiques. Ainsi, plusieurs sphères d’influences sont en train de se créer, hors de portée du monde occidental.

Cette relative perte de puissance occidentale s’explique par le rattrapage économique mais également par d’autres phénomènes comme la croissance démographique qui ralentit en Europe mais s’accélère dans d’autres parties du monde. Ainsi, en 2040, l’Asie et l’Afrique représenteront 80% de la population mondiale[9]. Le désengagement de l’Occident dans certaines régions est aussi un facteur explicatif, créant ainsi des vides stratégiques.

Par ailleurs, d’autres facteurs doivent être pris en compte pour définir les stratégies futures de la France: l’urbanisation croissante, le dérèglement climatique et le rythme de plus en plus rapide de la mondialisation. En effet, l’accès aux ressources va se complexifier. La mondialisation porte avec elle des vecteurs d’instabilité sociale en augmentant l’écart de richesse au sein d’un pays et dans le monde entier. Le phénomène de radicalisation identitaire est un autre enjeu social de la mondialisation. Les risques économiques sont nombreux par la création de bulles financières. La globalisation favorise également des trafics illégaux d’armes, drogues, etc.

Les Etats font ainsi face à de nouvelles menaces, hybrides. Ces dernières se caractérisent par leur complexité, la participation de nouveaux acteurs, alliant le politique et le criminel, et l’utilisation de moyens non-conventionnels.

Le système international tel qu’il fonctionne aujourd’hui se transforme. Les normes internationales sont déjà mises à l’épreuve et le seront encore davantage.

Dès lors, nous pouvons nous demander quels sont les enjeux stratégiques principaux pour la France? Comment s’adapter aux changements à venir?

  1. Les domaines stratégiques clés: entre continuité, modernisation des moyens et développement de nouvelles capacités.

Afin de s’adapter aux changements géopolitiques, certains secteurs doivent être placés au centre de la  stratégie française. Le pays possède déjà des capacités, mais il est indispensable de les développer davantage. Le but de cette partie est de présenter ces secteurs clés, nécessaires pour conserver une place importante dans la gouvernance mondiale.

Les espaces maritimes français permettent au pays d’être présent sur l’ensemble du globe et ainsi d’exercer une certaine influence. En effet, cet espace est le deuxième mondial, représentant plus de 10 000 millions de kilomètres carrés. Il est essentiel pour l’économie, le commerce et la diplomatie française.

Ensuite, l’espace francophone est un atout non négligeable pour conforter le smart power français. La langue française doit être utilisée comme lien entre les pays pratiquant la langue, ou juste intéressés par la culture. Les relations avec les pays francophones doivent être intensifiées, sans pour autant dériver vers une approche néo-colonialiste. Le rôle de l’Alliance française est ici central. Cela permettrait notamment de renouveler les relations avec les pays africains et ainsi, de contrer l’influence croissante de la Chine sur ce continent.

Le réseau diplomatique français joue également un rôle important puisqu’il permet d’être présent dans presque tous les pays et d’entretenir des relations directes avec les gouvernements.

Enfin, la France doit continuer à moderniser ses capacités nucléaires. La dissuasion est centrale dans l’identité stratégique française. La maitrise de telles capacités assure à la France un statut militaire, diplomatique et technologique important et lui permettra de garder une certaine influence même si les équilibres géopolitiques viennent à complètement changer.

En parallèle, la France doit acquérir de nouvelles compétences dans des milieux clés de la prochaine décennie. Les domaines du cyber et de l’intelligence artificielle doivent être placés au centre de la stratégie française. En effet, les progrès technologiques dans ces domaines sont rapides et la France est, en comparaison à d’autres pays, moins avancée.

Pour la sécurité des citoyens et des institutions, il est essentiel de développer de meilleures capacités pour contrer les cyber-attaques. Cette menace est d’autant plus imprévisible car elle peut porter atteinte à une multitude de secteurs: infrastructures critiques, entreprises, banques, institutions étatiques, ainsi que les personnes privées. Les capacités d’analyse et protection des données doivent être renforcées. Sans l’acquisition de ces compétences de prévention et contre-attaque, l’autonomie de la France est menacée.

Ensuite, la France doit accorder davantage attention à l’intelligence artificielle. Son développement – inévitable – aura des conséquences considérables, autant sur l’économie en remplaçant de nombreux emplois, mais aussi par sa possible application militaire. Ici, il s’agit d’acquérir de nouveaux logiciels d’analyses comportementales, de reconnaissance vocale et faciale, de trading, de diagnostic médical, etc. La France doit contribuer au développement de l’intelligence artificielle, tout en s’engageant dans une régulation internationale encadrant son développement. En effet, de nombreuses questions éthiques et sociales sont soulevées, puisqu’il parait incertain de garantir un total contrôle humain sur le fonctionnement de ces machines.

Ensuite, au vu de l’attention croissante de grandes puissances pour le domaine spatial– notamment les Etats-Unis, la Russie et la Chine – la France devrait aussi suivre une stratégie plus ambitieuse. Le plan présenté en septembre 2018 par la Ministre Madame Parly est un premier pas. Le domaine spatial est en effet porteur de nouvelles conflictualités. Or, c’est un espace clé pour les communications civiles et militaires, et la sécurité des satellites français doit être assurée. Il est aussi important que la France se positionne en faveur d’un traité international sur les armes antisatellites, pour éviter une militarisation de l’espace.

  1. Quelles sont les orientations à suivre afin de conserver une place centrale au sein du système international?

La France est en 2018 un pays important dans la gouvernance mondiale, notamment grâce à son statut de membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU. Le pays est une puissance économique importante, la septième mondiale. La diplomatie française, le rôle joué dans le règlement de conflits internationaux, ainsi que la langue française permettent au pays de compter parmi les pays les plus influents au monde.

Mais comment la France peut-elle conserver cette place au sein du système international, au vu des changements d’équilibres géostratégiques. Dans la partie précédente, nous avons vu quels étaient les secteurs clés dans lesquels la France doit investir. Quelles sont les stratégies à suivre pour développer ces capacités?

En premier lieu, il est important de travailler en coopération avec d’autres pays et au sein de l’Union Européenne et de l’OTAN. Le multilatéralisme doit être un axe clé de la stratégie française, ainsi les intérêts de plusieurs pays seront toujours plus visibles et mieux défendus. La mise en commun de compétences intellectuelles, analytiques, scientifiques et militaires permettront aux pays d’être plus innovants et d’augmenter l’efficience des coûts dévoués aux développements de (nouvelles) technologies-clés très coûteuses. Dans le domaine militaire, cette coopération est essentielle pour améliorer l’interopérabilité des forces armées. La France et l’Allemagne travaillent ensemble sur deux projets importants: les systèmes futurs du char de combat et de l’avion de chasse. L’UE et l’OTAN ont déjà mis en place des centres spécialisés dans la collaboration cyber. Cela doit être poursuivi et intensifié. Cette coopération est essentielle afin de connaître, prévenir et réagir plus efficacement aux menaces. Cela permet également aux membres de l’UE et de l’OTAN de s’accorder sur des critères et normes à propos de l’intelligence artificielle, le cyber et l’espace, afin de pouvoir promouvoir et défendre ensemble ces règles au niveau international. Toutefois, les compétences liées à la dissuasion nucléaire devraient être poursuivies nationalement, puisque la puissance nucléaire joue le rôle principal de la stratégie d’autonomie de la France.

Deuxièmement, pour mieux faire face à l’hybridation des menaces et la possible multiplication des conflits, notamment aux frontières entre plusieurs sphères d’influence, une stratégie globale doit être adoptée au niveau national. L’UE a adopté cette méthode en 2015. Elle comprend les menaces dans un cadre bien plus large que le seul champ militaire, en incluant d’autres champs d’actions comme des instruments de développement, de prévention, de coopération avec la société civile, … Cette stratégie dite globale est intéressante car elle permet de répondre plus efficacement aux nouvelles menaces, et de mieux agir sur leur prévention. Une adaptation opérative et stratégique est nécessaire pour mieux répondre à l’hybridation des menaces.

Troisièmement, au niveau national, le Gouvernement doit définir les technologies et domaines clés essentiels pour faire face aux futurs enjeux stratégiques. Pour cela, le Gouvernement devrait travailler avec des scientifiques, des experts en affaires étrangères et militaires, des représentants des pays alliés. L’acquisition de compétences cyber et dans le domaine de l’intelligence artificielle se fera par la création de cluster entre entreprises, start-up, centres de recherche et universités.

A partir de ces définitions, la France pourra travailler avec le tissu industriel et académique afin de développer les savoirs et technologies nécessaires. L’industrie et le milieu scientifique français sont internationalement reconnus pour leur savoir-faire, ce qui est un atout considérable.

Il est aussi central que le Gouvernement suive une politique industrielle et d’innovation ambitieuse, soutenant les entreprises, universités et centre de recherche. Cette politique devrait être également stricte vis-à-vis des investissements directs étrangers dans les secteurs industriels clés.

Enfin, la quatrième ligne directrice est le renforcement des capacités de soft power de la France. L’espace francophone, le réseau diplomatique français, l’image positive de la culture et du savoir-vivre français devrait jouer un rôle central dans la stratégie du pays. Ces instruments permettent à la France de véhiculer d’une manière plus discrète et souple ses idées et positions.

Dans la décennie à venir, la structure du système international aura très probablement complètement changé, avec la création de nouvelles sphères d’influence. La place de la France dans le système politique et économique mondial pourrait en être affaiblie. Il est dès lors nécessaire pour la France de s’orienter vers certains secteurs clés pour y développer ses capacités. Ainsi, l’intelligence artificielle, les espaces maritimes, aéro-spatial et cyber, les compétences diplomatiques et nucléaires de la France devraient être au centre de la stratégie des Gouvernements à venir.

Pour autant, il n’est pas question de faire cavalier seul. La coopération avec les pays alliés est essentielle afin de mieux défendre les intérêts français. L’approche française doit être plus globale.

Ainsi, la France saura s’adapter aux changements à venir dans la gouvernance mondiale et faire face à l’hybridation des menaces.

Quelles questions stratégiques clés pour la décennie à venir et quelles orientations pour la France ?

par Anne Savoy-Allain (3eme prix), Responsable Communication au Groupe BPCE.

La France, puissance occidentale moyenne, est, dans ce premier quart du XXIe siècle, confrontée à des questions stratégiques majeures pour répondre aux défis et menaces multiples et hybrides[10] auxquels elle doit et devra faire face. Les choix sont difficiles et demandent une prise de hauteur de vue à 360° car les décisions prises seront lourdes de conséquences. Pour qu’elle conserve son rang de grande nation, d’acteur crédible détenteur du feu nucléaire et d’un siège permanent à l’ONU, de pays dont la voix porte à l’international ainsi qu’une entière latitude dans la liberté de choisir son propre destin, la France doit, si elle veut assumer sa volonté de puissance et garantir son indépendance, s’engager dans des choix stratégiques majeurs qui seront l’objet de ce document.    

Nous essaierons dans une première partie de dégager des pistes de réflexion en nous appuyant sur les enseignements que nous pouvons tirer de nos connaissances historiques, géographiques, techniques et philosophiques ainsi que des leçons tirées des opérations militaires menées récemment à l’étranger. Le contexte géopolitique, économique, démographique et sociologique national et international sera également sondé afin de tenter d’apporter, dans une seconde partie, des voies à emprunter pour apporter des (idées de) réponses dans la définition d’orientations stratégiques pour la décennie à venir.

Quelles sont les questions stratégiques clés qui se posent à la France ?

Le rêve occidental d’un monde de paix globalisé et livré au bonheur consumériste où les réseaux sociaux auraient aboli temps, frontières, différences ethniques, culturelles et religieuses n’est bien sûr, hélas, qu’une utopie. Ce monde sans guerre ni violence n’est qu’un doux rêve qui s’est brisé sur le mur des réalités comme nous le rappellent régulièrement et cruellement différents événements depuis dix ans, allant de crises économiques plus ou moins violentes[11] accompagnées de son cortège de drames sociaux aux conflits ouverts les plus meurtriers (guerre en Syrie, au Yémen, au Soudan, crise de la Crimée, …). La guerre est et sera tant qu’il y aura des hommes… et le contexte actuel n’échappe pas à la règle : guerres économiques (entre l’Europe et les USA, entre ces derniers et la Chine, …),  tensions internationales exacerbées (confrontations en Mer de Chine, fracture de l’Europe face au flux migratoire d’Afrique, …), de guerres religieuses, ethniques meurtrières (conflit israélo-palestinien, frictions indo-pakistanaises, crise des Rohingyas, …) et du terrorisme omniprésent (attentats de septembre 2001, attaques terroristes régulières de l’organisation Etat Islamique[12] depuis maintenant plusieurs années, …).

Accès à l’eau potable, aux terres et métaux rares pour assurer la fabrication de produits issus des nouvelles technologies, à des zones riches en hydrocarbures ou en gaz (comme en Arctique), volonté d’imposer sa religion, visée expansionniste appuyée sur l’histoire, …  les raisons plus ou moins affirmées des conflits humains sont nombreuses et impactent tout pays majeur même si la guerre ouverte n’a pas directement lieu sur son territoire. La France, de par le rayonnement de son passé historique, son rang économique, ses engagements passés, ses valeurs démocratiques, l’étendue de son territoire métropolitain et ultramarin sur le globe, le rayonnement de sa langue via la francophonie, ne peut faire l’économie de se poser des questions sur sa vision stratégique du monde actuel et à venir et les choix qu’elle veut faire selon la place qu’elle souhaite occuper à l’avenir face aux autres pays.

Dans un monde complexe et de plus en plus imprévisible où l’inertie est et sera très durement sanctionnée, le ticket d’accès aux places de premier rang sera cher et appellera les responsables à un engagement massif de moyens et de volonté, mais aussi à un réexamen régulier de la situation nationale et internationale pour un réajustement permanent des choix collectifs effectués afin de s’adapter en en temps réel à l’évolution des défis rencontrés. Nos politiques devront apprendre à dépasser la prochaine échéance électorale et à voir « plus grand qu’eux ».

Dans ce « brouillard de la guerre » clausewitzien[13], notre seule certitude est en effet l’incertitude[14]. L’avenir sera imprédictible et troublé et, dans ce contexte d’instabilité, même si, et même parce que nous ne connaissons pas le visage de nos ennemis et la forme que prendront les combats car, comme nous le rappelle Clausewitz « La guerre est un caméléon qui change de nature à chaque engagement », nous devons et devrons nous adapter (ou accepter de passer sous domination étrangère ou même de mourir !) aux nouvelles formes de conflit qui apparaîtront. Cependant, gageons que les questions qui se dégageront de notre réflexion approfondie et permanente ainsi que notre préparation morale et matérielle (qui devra être adaptée, constante et réelle), nous permettront de ne pas être dans une position attentiste et craintive de défense trop souvent affichée pour reprendre une posture d’initiative ambitieuse car ainsi que l’écrivait le dramaturge Bertold Brecht[15] : «Celui qui se bat peut perdre, celui qui ne se bat pas a déjà perdu !».

Les questions stratégiques qui se posent à la France engagent l’ensemble des moyens dont elle dispose … Mais quels moyens sommes-nous prêts à engager pour assurer à la France une place parmi les grandes puissances mondiales ? Car de cette question préalable découleront tous les choix ultérieurs qui seront toujours au service d’une politique et en serviront les objectifs.

Parmi les questions stratégiques essentielles, nous retiendrons :

  1. Sommes-nous conscients de la brutalité des luttes (en termes politiques, économiques et financiers, militaires, humains, diplomatiques, …) qui s’annoncent pour la décennie à venir ? Le déni du combat à venir et la tiédeur deviendraient alors tragiques.
  2. Quelle vision du monde avons-nous ? Voulons-nous peser sur les théâtres internationaux et y affirmer clairement défendre nos intérêts ?
  3. Quelle place souhaite occuper la France sur l’échiquier international à l’horizon 2030 ? au sein même de l’Europe, face à la Russie, aux Etats-Unis, à la Chine, dans les institutions internationales, au sein de l’OTAN ?
  4. Quels choix économiques devons-nous faire pour nous assurer une robustesse financière dégageant des marges de manœuvre confortables capables d’apporter un financement  aux différents investissements nécessaires ? Empire industriel et technologique ou pays de services et de loisirs ? Engagement dans la course technologique (ordinateur quantique, IA, cybernétique, e-santé, …) avec formation de filières d’excellence en nombre et garanties d’avoir des débouchés ou choix de la réserver à une petite élite avec une population au niveau d’instruction et de vie en baisse.
  5. Quelle place pour l’armée et le civil ?
  6. Quels efforts sommes-nous prêts à consentir ?
  7. Quelles valeurs humaines individuelles et collectives voulons-nous porter ?
  8. Comment comptons-nous résoudre la lèpre du terrorisme ?
  9. Quel budget et projet pour la Défense ? Quelle place pour la dissuasion nucléaire ? Quelle cyberdéfense ? Quelles armes du futur doivent retenir nos investissements et quelle proportion doivent-elles occuper ?

 

Quels sont les voies qui s’offrent à elle ?

Sun-Tzu[16] rappelle dans le premier chapitre de « L’art de la guerre » que :  « Le premier des cinq facteurs d’un conflit est la vertu« . La réflexion à entamer requiert en effet une honnêteté car introduire des biais pour quelque raison que ce soit fausserait les propositions retenues. C’est un devoir moral que nous nous devons et devons à nos héritiers afin de leur permettre de continuer d’occuper une place de choix dans le concert des nations.

Dans cette guerre qui ne dit pas son nom, les pistes offertes sont tout autant civiles que militaires, morales que matérielles et doivent être conduites simultanément et sur un « temps long » pour commencer à porter leurs fruits. Ainsi que le rappelle le général d’armée Pierre de Villiers : « Le prix de la paix, c’est l’effort de guerre »[17].

Ces choix pourraient se compléter l’un l’autre et s’articuleraient de manière à former une structure globale puissante dont on pourrait donner comme image celle d’une « mâchoire d’acier » (steel jaws) dont la force s’exprimerait par l’ensemble de la pression qu’elle pourrait exercer dans chacun des secteurs où elle sera déployée : politique, économique, militaire, culturel, intellectuel, … Ils requièrent néanmoins aussi l’acceptation de sacrifices dont nous devons également estimer l’ampleur pour être sûrs qui nous pourrons les accepter, les intégrer et les partager avec la population. Le volontarisme ne remplace en effet jamais les moyens.

  • Proposition n° 1: Définissons d’abord notre vision claire du monde actuel et à venir et les secteurs d’activité qui nous paraissent mériter notre attention car ils seront à même de nous apporter le succès si nous les maîtrisons ou nous mettre dans une situation périlleuse voire mortifère si nous les subissons. Cela nous permettra d’éviter la dispersion et de concentrer nos forces sur des points chauds vitaux qui ne seront pas forcément les plus conflictuels. Le softpower bien organisé et distillé est parfois plus efficace qu’une opposition ouverte. La francophonie et le rayonnement culturel sont à cet égard de précieux atouts pour la France.
  • Proposition n° 2: Retrouvons la capacité de nous projeter sur un temps long pour former les corps et les esprits à l’engagement. En ce sens, un travail de fond doit être mené au niveau de l’Education nationale dès le plus jeune âge car l’on défend d’autant mieux ce que l’on a appris à aimer.  Un nouveau souffle collectif est impératif.
  • Proposition n° 3: Acceptons, tout en préservant notre identité, l’évidence que nous n’avons plus les capacités, ni humaines ni financières, d’agir seuls sur des théâtres extérieurs[18] et que l’Europe doit accélérer son rapprochement sur de nombreux sujets afin de mutualiser ses moyens et de renforcer sa place sur la scène politique internationale. Dans cette optique, notre place dans l’OTAN serait bien sûr alors à reconsidérer tandis qu’un nouveau rapport avec la Russie pourrait s’installer.
  • Proposition n° 4: Maintenons notre supériorité technologique matérielle indéniable mais ne nous reposons pas que sur elle[19] ! Un réarmement moral est nécessaire.  Les guerres asymétriques menées à l’étranger et les attentats nous montrent chaque fois notre faiblesse morale face à des ennemis faiblement équipés mais ultra motivés car galvanisés par une cause. Les nouvelles technologies (cybersécurité et cyberdéfense) et le nucléaire devront donc y occuper une place de choix pour montrer notre crédibilité et notre savoir-faire mais sans jamais prendre le pas sur la formation humaine et la ténacité de sa volonté[20]. Les secteurs civil et militaire se complèteront et se nourriront alors réciproquement car ils se connaîtront.
  • Proposition n° 5: Affirmons et faisons respecter nos valeurs mais sans les imposer en dehors de nos frontières ! Soyons fermes et intangibles sur leur défense et leur application sur notre territoire, mais sans croire qu’elles sont un mètre étalon universel. Notre vision civilisationnelle issue du monde des Lumières n’est qu’une parmi d’autres qui méritent tout autant que la nôtre d’être honorées même si cela n’est pas notre opinion. Le respect d’autrui et la volonté affichée de défendre ses intérêts ont plus de portée qu’imposer un modèle de valeurs qui n’est pas partagé.
  • Proposition n° 6: Réallouons un pourcentage plus important à nos forces armées[21] et nos services de renseignement car un minimum de 1,5% du PIB est un plancher extrêmement bas. Une armée bien équipée, bien formée est un gage de sécurité.
  • Proposition n° 7: Agissons réellement contre le terrorisme international qui s’allie avec le crime international via des réseaux tentaculaires alimentés par les trafics d’armes, de stupéfiants, de contrefaçons, d’animaux et d’êtres humains en pourchassant et en sanctionnant sans piété les trafiquants, mais surtout en asséchant les causes de ces commerces illicites : aide au développement (éducation, santé) en Afrique notamment, politique de partenariat avec des régions génératrices de flux migratoires, lucidité sur la nécessité de soutenir des régimes politiques peu exemplaires (selon nos critères droitsdelhommistes iréniques) mais garants de stabilité régionale et ennemis farouches des terroristes que nous avons parfois aidés par naïveté, contrôle accru des circuits financiers.

Conclusion

L’arme nucléaire nous a permis de récolter « les dividendes de la paix » pendant plus de 70 ans, mais ne peut plus être aujourd’hui le centre névralgique de notre défense. L’ennemi (rival économique, terroriste, mafieux, trafiquant ou un métissage) a en effet changé et changera en permanence pour contourner notre force matérielle, nos lois et profiter de notre faiblesse. Pour assurer notre place et notre défense de manière crédible, il n’existe pas de solution toutes faite mais une panoplie très plastique, un panachage subtil, des actions de force (conjuguant hommes et nouvelles technologies), de diplomatie, de renseignement, de lois renforcées et appliquées.

Appuyé sur un but politique clairement défini car la guerre demeure d’abord « l’affrontement dialectique des volontés[22]» et non l’affrontement des armes, le pragmatisme sera le fer de lance de nos choix, car le courage est toujours la première qualité[23]. C’est-à-dire la capacité de se reconnecter au réel (avec une volonté sans cesse renouvelée), même s’il nous déplaît ou nous heurte, et de nous adapter aux pièges qui nous seront imposés. La maîtrise des médias sociaux, la modestie ainsi que la capacité à penser comme l’ennemi devront aussi nous guider car elles éviteront l’aveuglement de la certitude qui anime trop souvent l’Occident, confronté au paradoxe de la supériorité du feu sans pouvoir désormais l’utiliser.

 

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