Produire et consommer durablement

Mis en ligne le 26 Sep 2017

S’il est le plus emblĂ©matique, le changement climatique n’est pas la seule « limite planĂ©taire », possiblement irrĂ©versible, que l’impact des activitĂ©s humaines tend Ă  franchir. Le sommet de la Terre de Rio en 1992 prĂ©conisait dĂ©jĂ  la mise en place d’une Ă©conomie durable. Dans le prolongement tant des objectifs de dĂ©veloppement durable adoptĂ©s par l’ONU en 2015 que de l’accord de Paris sur le climat, cet article propose une analyse complĂšte et illustrĂ©e de la problĂ©matique : comment concilier modes de consommation et enjeux environnementaux et sociaux. A partir d’une clarification des concepts, les auteurs exposent le constat et les causes des dĂ©gradations environnementales majeures, puis s’interrogent sur la capacitĂ© du systĂšme global, intĂ©grant sociĂ©tĂ©s, Ă©conomie et bio-gĂ©o-sphĂšre, Ă  engager des processus de transformation vertueux. La question de la consommation est au cƓur de leur analyse, consommation Ă©peronnĂ©e par la forte croissance planĂ©taire des classes moyennes. L’analyse Ă©claire donc les enjeux liĂ©s Ă  la mise en Ɠuvre des outils ou leviers envisageables pour engager un vĂ©ritable changement de paradigme.

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Les opinions exprimĂ©es dans cet article n’engagent pas le CSFRS.

Les références originales de ce texte sont: Lucien Chabason et Stéphanie Leyronas, « Produire et consommer durablement », Regards sur la Terre, IDDRI, 22 mai 2017.

Ce texte, ainsi que d’autres publications, peuvent ĂȘtre visionnĂ©s sur le site de l’IDDRI.

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Produire et consommer durablement

 

L’annĂ©e 2015 a Ă©tĂ© marquĂ©e par deux Ă©vĂ©nements majeurs qui traduisent le souci grandissant de la communautĂ© internationale de concilier nos modes de consommation et les enjeux environnementaux et sociaux auxquels nous devons faire face. Il s’agit d’abord des 17 objectifs de dĂ©veloppement durable (ODD), adoptĂ©s par les Nations unies, et en particulier l’objectif 12 qui reconnaĂźt le rĂŽle essentiel et transversal de la consommation et de la production dans le dĂ©veloppement durable. Il s’agit ensuite de la ConfĂ©rence de Paris sur le climat oĂč a Ă©tĂ© adoptĂ© Ă  l’unanimitĂ© un accord qui fixe pour objectif de limiter le rĂ©chauffement climatique Ă  moins de 2 °C, en visant la barre des 1,5 °C. L’accord doit ĂȘtre validĂ© par les parlements des États parties et entrera en vigueur en 2020 : il appelle Ă  une rĂ©orientation de l’économie mondiale et Ă  une transformation profonde des modes de production et de consommation qui ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s au XXe siĂšcle sur la base de l’exploitation des Ă©nergies fossiles.

La question n’est pas nouvelle : le Sommet de la Terre sur l’environnement et le dĂ©veloppement, tenu Ă  Rio en 1992, annonçait dĂ©jĂ  l’espoir d’une Ă©conomie soutenable. Il prĂ©conisait d’éliminer les modes de production et de consommation non durables au profit de ceux profitables Ă  tous et dont la diffusion devait ĂȘtre encouragĂ©e. La dĂ©claration de 27 principes et les 2 500 recommandations de l’Agenda 21 adoptĂ©s Ă  cette occasion restent des rĂ©fĂ©rences communes Ă  tous les pays signataires engagĂ©s dans la construction d’un avenir durable.

Lors de la ConfĂ©rence Rio+20 en 2012, les Nations unies ont rĂ©itĂ©rĂ© leur soutien Ă  cet agenda avec un programme d’actions (10 YFP) sur la production et la consommation durables, adoptĂ© Ă  l’article 226 du texte final, « L’avenir que nous voulons ». ConfiĂ© au Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), ce programme reposait sur cinq composantes : Ă©ducation et styles de vie, construction et immeubles, tourisme, information du consommateur et achats publics. Les pays Ă©taient invitĂ©s Ă  mettre en place des structures participatives adĂ©quates et Ă  se doter de stratĂ©gies d’intervention. Mais, que signifient finalement les termes « production durable » et « consommation durable » ?

D’un point de vue environnemental, il s’agit de tendre vers une utilisation de produits et services qui rĂ©pondent aux besoins de base et apportent une meilleure qualitĂ© de vie, tout en minimisant l’utilisation de ressources naturelles et de substances toxiques ainsi que l’émission de dĂ©chets et de polluants pendant le cycle de vie des produits et services. La production et la consommation durables doivent permettre de ne pas compromettre la satisfaction des besoins des gĂ©nĂ©rations futures.

L’objectif est bien de limiter les impacts et perturbations sur les principaux cycles naturels (eau, carbone, azote, phosphore) de l’ensemble des activitĂ©s socio-Ă©conomiques (procĂ©dĂ©s de production tout au long du cycle de vie ; rĂ©gimes alimentaires ; modes d’habitat et de transport ; pertes et gaspillages ; etc.).

Cette question est dĂ©jĂ  Ă©minemment complexe : ce qui peut apparaĂźtre comme une politique efficace dans un domaine peut avoir des rĂ©percussions nĂ©fastes dans un autre. Par exemple, Ă©largir l’offre de biocarburants pour substituer des Ă©nergies renouvelables Ă  des Ă©nergies fossiles peut aussi contribuer Ă  faire peser des pressions sur la terre ou l’eau (RST 2010, RepĂšre 4). Des pays visant leur sĂ©curitĂ© alimentaire ou Ă©nergĂ©tique ont aussi acquis des terres Ă  l’étranger, au dĂ©triment de l’accĂšs au foncier des communautĂ©s locales. Un raisonnement qui se limiterait Ă  une optimisation de l’efficacitĂ© des usages, en intra et en inter-usages, ne serait pas satisfaisant : la rĂ©duction net de l’impact de nos modes de vie sur les ressources est devenue une nĂ©cessitĂ©.

 

EncadrĂ© 1 : Objectif 12 : Établir des modes de consommation et de production durables

La consommation et la production durables encouragent Ă  utiliser les ressources et l’énergie de maniĂšre efficace, Ă  mettre en place des infrastructures durables et Ă  assurer Ă  tous l’accĂšs aux services de base, des emplois verts et dĂ©cents et une meilleure qualitĂ© de la vie. Elles contribuent Ă  mettre en Ɠuvre des plans de dĂ©veloppement gĂ©nĂ©ral, Ă  rĂ©duire les coĂ»ts Ă©conomiques, environnementaux et sociaux futurs, Ă  renforcer la compĂ©titivitĂ© Ă©conomique et Ă  rĂ©duire la pauvretĂ©. La consommation et la production durables visent Ă  « faire plus et mieux avec moins », accroissant les gains socioĂ©conomiques nets tirĂ©s des activitĂ©s Ă©conomiques en rĂ©duisant l’utilisation des ressources, la dĂ©gradation et la pollution tout au long du cycle de vie, tout en amĂ©liorant la qualité de la vie. Elles mettent en jeu diffĂ©rentes parties prenantes, entre autres les entreprises, les consommateurs, les dĂ©cideurs, les chercheurs, les scientifiques, les dĂ©taillants, les mĂ©dias et les organismes de coopĂ©ration pour le dĂ©veloppement. Elles nĂ©cessitent Ă©galement une dĂ©marche systĂ©mique et la coopĂ©ration entre les diffĂ©rents acteurs qui opĂšrent dans la chaĂźne d’approvisionnement, depuis le producteur jusqu’au consommateur final. Elles passent par l’engagement des consommateurs en utilisant notamment la sensibilisation et l’éducation sur la consommation et les modes de vie durables, la fourniture d’informations adĂ©quates aux consommateurs au moyen de normes et d’étiquettes et la pratique de marchĂ©s publics durables.

Objectifs de développement durable, Nations unies (2015)

 

Les limites de la planĂšte

Les ressources naturelles exercent des fonctions de « puits et de maintien de la vie » (Rapport europĂ©en sur le dĂ©veloppement, 2012), lesquelles font rĂ©fĂ©rence Ă  la capacitĂ© des Ă©cosystĂšmes Ă  rĂ©guler le cycle hydrologique, Ă  absorber et recycler les dĂ©chets ou Ă  maintenir la biodiversitĂ©. Ces systĂšmes naturels peuvent connaĂźtre des changements soudains et irrĂ©versibles si des points de basculement ou de dĂ©gradations ultimes sont atteints. Pour le monde vivant et la biodiversitĂ©, il s’agit de l’interruption brutale dans la chaĂźne trophique entre les espĂšces, c’est l’acidification et l’adaptation ou non des bactĂ©ries, ou bien encore la disparition des grands prĂ©dateurs, ou l’interruption de la pollinisation. Pour le climat, il s’agit d’un basculement thermodynamique brutal et la modification radicale des tempĂ©ratures et des rĂ©gimes de prĂ©cipitations. Rockström et al. (2009) propose neuf limites planĂ©taires (figure 1). Ces limites seraient sur le point d’ĂȘtre atteintes dans certains domaines tels que la consommation d’eau douce, les changements d’utilisation des sols, l’acidification des ocĂ©ans et l’interfĂ©rence dans les cycles globaux du phosphore.

Trois processus auraient dĂ©passĂ© le seuil d’alerte : le changement climatique, le taux de diminution de la biodiversitĂ© et l’interfĂ©rence humaine avec les cycles de l’azote. Les autres limites sont la pollution chimique, la pollution atmosphĂ©rique par les aĂ©rosols et la diminution de la couche d’ozone.

Les impacts croissants des activitĂ©s humaines sur les quatre cycles du systĂšme global (eau, carbone, azote, phosphore) et, in fine, sur le climat et la biodiversitĂ©, sont observĂ©s de maniĂšre objective. Le terme « AnthropocĂšne » est apparu dans certains Ă©crits pour dĂ©signer l’époque gĂ©ologique ayant dĂ©butĂ© avec la rĂ©volution industrielle Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle et au cours de laquelle les activitĂ©s humaines ont eu un impact majeur sur l’écosystĂšme terrestre (Lire Svedin, dans RST 2012, Chapitre 6) : « en un peu plus de deux gĂ©nĂ©rations, l’humanitĂ© est devenue une force gĂ©ologique Ă  l’échelle de la planĂšte » (Steffen et al., 2015).

Concernant le climat, les rapports successifs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publiĂ©s depuis 1990 ont dĂ©montrĂ© sans ambiguĂŻtĂ© que les activitĂ©s humaines, notamment l’usage des Ă©nergies fossiles, ont conduit Ă  une hausse exceptionnelle des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre (GES), qui se sont Ă©tablies Ă  32,3 Gt en 2014. Leurs impacts rĂ©cents sur les systĂšmes physiques et socio-Ă©conomiques touchent tous les continents et ocĂ©ans. Ils sont la cause dominante du rĂ©chauffement observĂ© depuis le milieu de XXe siĂšcle[1] (figure 2). Dans de nombreuses rĂ©gions, l’évolution des prĂ©cipitations a modifiĂ© les systĂšmes hydrologiques, affectant les ressources en eau en quantitĂ© et qualitĂ©[2]). Les Ă©vĂ©nements extrĂȘmes de tempĂ©ratures élevĂ©es et de fortes prĂ©cipitations ont augmentĂ©.

 

FIGURE 1 : Nous avons dépassé le plafond environnemental

Comme tout Ă©cosystĂšme, la rĂ©silience de la planĂšte Terre aux changements naturels ou anthropiques est importante mais non illimitĂ©e. La surexploitation des ressources et les modifications des cycles naturels planĂ©taires au-delĂ  de certains seuils – le plafond environnemental – pourraient conduire Ă  des effets catastrophiques pour l’humanitĂ©.

 

De nombreuses espĂšces terrestres, d’eau douce ou marines ont disparu, ou ont modifiĂ© leur rĂ©partition gĂ©ographique, leurs activitĂ©s et leurs interactions[3]. L’acidification des ocĂ©ans attribuĂ©e aux activitĂ©s humaines a eu un impact sur les organismes marins[4]. Les impacts nĂ©gatifs du changement climatique sur les rendements des cultures ont Ă©tĂ© plus frĂ©quents que les impacts positifs[5].

Le climat n’est qu’un aspect des changements globaux et complexes qui se produisent dans les cycles biochimiques mondiaux. « L’altĂ©ration des cycles de l’azote et du phosphore reprĂ©sente pour la planĂšte un dĂ©fi majeur qui n’a pas encore reçu assez d’attention », soulĂšve le rapport du PNUE « Our Nutritient World – The challenge to produce more food and energy with less pollution » (2013).

Les analyses historiques rĂ©alisĂ©es enfin sur l’évolution de la biodiversitĂ© Ă  l’échelle mondiale convergent aussi autour de conclusions prĂ©occupantes. Depuis le dĂ©but de l’ùre industrielle, la rĂ©duction de la biodiversitĂ© terrestre a dĂ©jĂ  conduit Ă  la disparition d’environ 50 % de celle-ci (CGDD, 2010) et Ă  la forte diminution des ressources halieutiques : entre 1970 et 2010, 39 % des espĂšces terrestres ont disparu, 76 % des espĂšces d’eau douce et 39 % des espĂšces marines (WWF, 2014). Cette tendance Ă  l’érosion s’est accĂ©lĂ©rĂ©e au cours des cinquante derniĂšres annĂ©es. Cinq grands facteurs sont Ă  la source de ces Ă©volutions, dans des proportions diffĂ©rentes selon les rĂ©gions : les changements dans l’utilisation des sols (dĂ©forestation, urbanisation, infrastructures) ; la surexploitation des ressources ; les pollutions locales et diffuses ; les introductions d’espĂšces exotiques envahissantes et le changement climatique. Les transformations dans l’usage des sols ont Ă©tĂ© historiquement les plus dĂ©cisives.

FIGURE 2 : Fortes Ă©missions de gaz Ă  effet de serre attendues au XXIe siĂšcle

Les GES sont et resteront la principale cause du rĂ©chauffement atmosphĂ©rique que l’on peut observĂ© depuis le milieu du XXe siĂšcle. Une observation qui souligne clairement la responsabilitĂ© humaine dans l’attĂ©nuation des Ă©missions.

 

Des dégradations aux causes multiples

Si les impacts sont clairement analysĂ©s, les mĂ©canismes sous-jacents Ă  ces Ă©volutions, et Ă  leur accĂ©lĂ©ration depuis la moitiĂ© du XXe siĂšcle, sont plus controversĂ©s. La croissance dĂ©mographique est l’un des principaux accĂ©lĂ©rateurs de l’utilisation des ressources naturelles. La population mondiale ayant plus que quadruplĂ© depuis le dĂ©but du XXe siĂšcle, cette augmentation est porteuse de risques si les tendances observĂ©es dans les modes de production et de consommation des pays en dĂ©veloppement convergent avec ceux des pays dĂ©veloppĂ©s. En ce sens, la croissance dĂ©mographique ne constitue pas l’unique explication : le mĂȘme nombre d’ĂȘtres humains peut consommer beaucoup ou modĂ©rĂ©ment, en fonction de leur revenu, de leur accĂšs aux technologies, du systĂšme politique, du degrĂ© d’urbanisation et de ses normes culturelles.

ParallĂšlement Ă  l’augmentation de la population, le niveau de croissance Ă©conomique et la qualitĂ© de cette croissance sont des vecteurs majeurs de l’utilisation des ressources naturelles. L’amĂ©lioration des conditions de vie de l’homme au cours du siĂšcle dernier coĂŻncide avec l’utilisation accrue des ressources naturelles. L’histoire de cette relation fait apparaĂźtre deux tendances (Rapport europĂ©en sur le dĂ©veloppement, 2012).

FIGURE 3 : Fractures et richesse du continent africain

Le continent africain illustre tristement que l’abondance en ressources naturelles, pour utile qu’elle soit, ne garantit pas Ă  elle seule le dĂ©veloppement Ă©conomique. Gestion et gouvernance sont aussi nĂ©cessaires en situation d’abondance qu’en cas de raretĂ©.

 

Toutefois, et c’est la seconde tendance, le taux de croissance de l’économie est supĂ©rieur Ă  celui de l’utilisation des ressources naturelles. En effet, Ă  mesure que les sociĂ©tĂ©s s’enrichissent, les progrĂšs technologiques leur permettent d’utiliser les ressources plus efficacement. Cela aurait pu conduire Ă  une dissociation entre le PIB et la consommation d’énergie. Mais ce n’est pas le cas, en raison des effets rebonds de la diffusion de ces technologies qui entraĂźne une consommation en forte hausse (comme cela a Ă©té observĂ© successivement avec l’utilisation du charbon et du pĂ©trole) ou l’abandon de modes d’exploitation durables arrivĂ©s Ă  maturitĂ© (traction animale, utilisation du bois, du vent, de l’eau, etc.).

L’augmentation du niveau de vie se traduit gĂ©nĂ©ralement par une augmentation de la consommation de produits carnĂ©s. « Or, le nombre de calories vĂ©gĂ©tales (hors pĂąture) nĂ©cessaire pour produire une calorie animale varie de deux Ă  cinq selon les zones concernĂ©es, le type de production animale et le systĂšme technique utilisĂ© » (FAO, 2015). Cela se traduit donc par une augmentation forte des besoins en production et une pression accrue sur les ressources. L’augmentation de la demande en ressources limitĂ©es qui en dĂ©coule exacerbe la concurrence entre les usages et les usagers. Les pressions pesant sur les ressources sont ainsi complexifiĂ©es et aggravĂ©es en raison des liens qui existent entre les diffĂ©rents types de demande. L’eau est par exemple nĂ©cessaire pour les usagers urbains, industriels et agricoles, sans oublier les besoins Ă©lĂ©mentaires des Ă©cosystĂšmes pour se rĂ©gĂ©nĂ©rer. Les pressions pesant sur les ressources sont ainsi complexifiĂ©es et aggravĂ©es en raison des liens qui existent entre les diffĂ©rents types de demande.

Ces pressions sont aggravĂ©es dans une Ă©conomie mondiale fortement interconnectĂ©e par les Ă©changes commerciaux, la pression pesant sur les ressources naturelles d’un pays n’étant pas uniquement attribuable Ă  des facteurs internes de ce pays : une augmentation de la demande de viande dans une partie du monde se traduit par une pression sur les terres et l’eau dans une autre rĂ©gion. Par ailleurs, l’industrialisation rapide de la Chine a conduit ce pays Ă  devenir le premier Ă©metteur de GES, crĂ©ant ainsi artificiellement l’illusion d’une sobriĂ©tĂ© dans des pays dĂ©veloppĂ©s.

Ces diffĂ©rents constats mettent au premier plan la question de la raretĂ© (indisponibilitĂ© physique) et les enjeux politiques liĂ©s Ă  la gestion de cette raretĂ©. Les progrĂšs technologiques ont permis en partie, jusqu’à aujourd’hui, de faire face Ă  une demande accrue en remplaçant certaines ressources par d’autres ; en juxtaposant leur utilisation (pĂ©trole pour le transport, charbon et autres pour l’électricitĂ©, etc.) ; en augmentant leur transfert ou en les utilisant plus efficacement. Les ressources naturelles n’ont nĂ©anmoins pas les mĂȘmes degrĂ©s de substituabilitĂ© (Rapport europĂ©en sur le dĂ©veloppement, 2012). Les ressources qui concernent les capacitĂ©s d’absorption et celles qui sont nĂ©cessaires Ă  la vie ne peuvent pas ĂȘtre remplacĂ©es, ce qui nous oblige Ă  Ă©tablir des limites physiques concernant l’espace de fonctionnement sĂ©curisĂ© pour la sociĂ©tĂ© humaine (Rockström et al., 2009). Avant d’atteindre ces zones d’indisponibilitĂ© physique, la concentration gĂ©ographique de certaines ressources (phosphate par exemple ou terres rares) est dĂ©jĂ  source de conflits. Enfin, l’abondance de ressources naturelles localement ne garantit pas le dĂ©veloppement Ă©conomique comme en tĂ©moigne le continent africain (figure 3).

 

MaĂźtrise de l’énergie

Quelle est la capacitĂ© du systĂšme socio-Ă©co-bio-gĂ©osphĂšre Ă  s’adapter, Ă  ĂȘtre rĂ©silient et Ă  engager des processus de transformation pour rĂ©duire ses impacts ? Quelle est l’éventualitĂ© d’une pĂ©nurie absolue de certaines ressources ou de l’atteinte de points de basculement des principaux cycles ?

La problĂ©matique posĂ©e, les solutions envisagĂ©es se concentrent trĂšs vite sur des innovations techniques en vue de limiter l’empreinte environnementale de nos modes de production. Des modes d’intensification agricole durable tels que les systĂšmes agro-Ă©cologiques sont dĂ©veloppĂ©s comme alternatives aux modes conventionnels d’augmentation des rendements par l’usage des engrais, pesticides, variĂ©tĂ©s amĂ©liorĂ©es ou mĂ©canisation. Les projets de rĂ©utilisation des eaux usĂ©es traitĂ©es pour l’agriculture, l’industrie ou les besoins urbains se mettent en place. NĂ©anmoins, un raisonnement qui se limiterait Ă  une optimisation de l’efficacitĂ© des usages, en intra et en inter-usages, ne serait pas satisfaisant : la rĂ©duction net de l’impact de nos modes de vie sur les ressources est devenue une nĂ©cessitĂ©.

CĂŽtĂ© Ă©nergie, la tendance lourde reste le recours massif aux Ă©nergies fossiles. Si l’on tient compte des quantitĂ©s rĂ©cupĂ©rables, les ressources de base en charbon, pĂ©trole, gaz et uranium sont en effet considĂ©rables. Et les contraintes ne concernent pas les ressources potentielles en soi, mais plutĂŽt la façon dont elles seront exploitĂ©es (Giraud, 2014) : elles sont surtout d’ordre technique, Ă©conomique, environnemental et politique et sont fortement liĂ©es Ă  la capacitĂ© des acteurs Ă  prendre en compte, Ă  tous les niveaux, les enjeux climatiques. La rĂ©duction des GES repose sur deux piliers fondamentaux.

La maĂźtrise de la consommation Ă©nergĂ©tique est le premier pilier. Les technologies numĂ©riques permettent aujourd’hui d’optimiser la production, la distribution et la consommation d’électricitĂ© afin d’amĂ©liorer l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique (smart grids).

FIGURE 4 : Les pays riches ont atteint leur consommation maximale en viande

Dans les pays riches, on prĂ©voit un plafonnement relatif, voire un recul, de la consommation de viande Ă  l’horizon 2020 rĂ©pondant aux campagnes d’information et d’éducation de la population.Une tendance qui contraste fortement avec les aspirations dans beaucoup de pays Ă©mergents et en dĂ©veloppement.

 

En lissant les pointes de consommation et en diminuant les capacitĂ©s de production qui sont les plus coĂ»teuses, ces technologies permettent de sĂ©curiser le rĂ©seau et d’en rĂ©duire le coĂ»t. Selon le dĂ©partement de l’Énergie des États-Unis, si les technologies de rĂ©seau intelligent rendaient le rĂ©seau Ă©lectrique amĂ©ricain plus efficace de 5 %, cela Ă©quivaudrait Ă  une Ă©conomie en termes d’émission de GES de 53 millions de voitures. Ce type de dĂ©veloppement pourrait connaĂźtre une Ă©volution rapide et gĂ©nĂ©ralisĂ©e. De nombreux dispositifs d’utilisation finale, procĂ©dĂ©s industriels, systĂšmes de chauffage, Ă©lĂ©ments constitutifs des infrastructures et des parcs immobiliers, commencent Ă  ĂȘtre remplacĂ©s en recourant Ă  de nouvelles technologies, et nombre des centrales Ă©lectriques existantes se trouvent Ă  la fin de leur durĂ©e de vie utile. Ces transformations dĂ©pendent des technologies dĂ©ployĂ©es et des dĂ©penses de R&D en la matiĂšre.

Le dĂ©veloppement et la dissĂ©mination des Ă©nergies renouvelables (ENR) sont le second pilier. Ces technologies gagnent du terrain sous rĂ©serve d’incitations, notamment financiĂšres (soutien continu), de baisse des coĂ»ts (amĂ©lioration de l’efficacitĂ© des technologies) et de politiques volontaristes. Jusqu’à trĂšs rĂ©cemment, c’est dans les pays de l’OCDE que la part relative des ENR augmentait le plus rapidement, mĂȘme si les potentialitĂ©s de production et les besoins sont plutĂŽt en dehors de cette zone. En 2015, la part des pays en dĂ©veloppement a atteint un niveau quasi Ă©quivalent Ă  celle des pays dĂ©veloppĂ©s, tant en investissements qu’en puissance Ă©lectrique, grĂące aux projets menĂ©s en Chine, en Inde, en AmĂ©rique du Sud et, dans une moindre mesure, en Afrique. Fin 2015, 173 pays s’étaient fixĂ©s des objectifs en matiĂšre d’ENR, dont 146 s’étaient dotĂ©s de politiques d’appui Ă  l’échelle nationale et territoriale.

 

Évolution des modes de vie et classes moyennes

C’est plus rĂ©cemment que les questions de nature socio-Ă©conomiques liĂ©es Ă  nos modes de consommation ont Ă©mergĂ© et sont apparues comme des leviers majeurs de limitation des impacts de nos activitĂ©s sur les cycles naturels. La lutte contre les gaspillages est un premier levier. Les pertes agricoles et agroalimentaires postĂ©rieures Ă  la rĂ©colte reprĂ©sentent entre 15 % et 60 % de la production agricole selon les produits et les pays. Les solutions pour les rĂ©duire existent mais nĂ©cessitent des investissements importants et une action Ă  l’échelle de l’ensemble de la filiĂšre. Bien que les Ă©tudes ne soient pas catĂ©goriques sur ce point, la rĂ©duction des pertes et gaspillages constitue un germe de changement majeur de notre futur. L’économie circulaire enfin, qui vise Ă  dĂ©ployer une nouvelle Ă©conomie fondĂ©e sur le principe de « refermer le cycle de vie » des produits, des services, des dĂ©chets, des matĂ©riaux, de l’eau et de l’énergie, est un outil en plein essor.

Des politiques nutritionnelles orientant les comportements alimentaires vers une consommation plus durable et plus saine (consommation moins carnĂ©e, promotion de systĂšmes de production de viande moins coĂ»teux en calories vĂ©gĂ©tales) constituent un second levier (figure 4). De telles actions de maĂźtrise de la demande et de sobriĂ©tĂ© constituent une stratĂ©gie « sans regret » qui permet de rĂ©pondre simultanĂ©ment Ă  plusieurs enjeux : environnement, sĂ©curitĂ© alimentaire et santĂ©. Il en est de mĂȘme dans tous les domaines : eau, Ă©nergie, transport, etc.

Mais questionner les modes de consommation, au Nord comme au Sud, ouvre aussi la voie Ă  des interrogations plus profondes sur nos sociĂ©tĂ©s. La fonction de consommation touche Ă  des notions personnelles et sociĂ©tales telles que les besoins, dĂ©sirs, appartenances sociales, habitudes, influences religieuses, culturelles et professionnelles, mais aussi Ă  des techniques telles que le marketing et la publicitĂ©. Ainsi, outre les sciences Ă©conomiques, nombre de sciences de l’homme et de la sociĂ©tĂ© telles que l’anthropologie, la sociologie et la psychologie (individuelle et sociale) doivent ĂȘtre mobilisĂ©es pour bien comprendre les mĂ©canismes de la consommation et envisager les conditions de leur orientation vers plus de durabilitĂ©. La lĂ©gitimitĂ© de cette proposition est en soi une question des plus sensibles dans des sociĂ©tĂ©s qui donnent une valeur Ă©levĂ©e Ă  la libertĂ© individuelle, celle-ci Ă©tant supposĂ©e inclure la libertĂ© de choix des produits et services offerts sur le marchĂ©.

En matiĂšre de consommation durable, les contradictions sont parfois fortes entre les tendances lourdes de la consommation et les exigences ou critĂšres de durabilitĂ© (lire Armstrong, dans RST 2014, chapitre 7). Parmi les facteurs qui dĂ©terminent les Ă©volutions de la consommation, l’accĂšs Ă  la classe moyenne et le gonflement des effectifs de celles-ci a Ă©tĂ© un des phĂ©nomĂšnes marquants de l’évolution des sociĂ©tĂ©s capitalistes au cours du XXe siĂšcle aux États-Unis et en Europe, dans les pays de l’OCDE en gĂ©nĂ©ral et dĂ©sormais dans les pays en dĂ©veloppement, Ă©mergents ou non. Il s’agit aujourd’hui d’une des consĂ©quences sociĂ©tales majeures de l’émergence de certaines Ă©conomies, une Ă©volution bien souvent dĂ©sirĂ©e par les acteurs publics et privĂ©s, que le rĂ©gime politique soit de type autoritaire ou dĂ©mocratique.

Au-delĂ  des questions de dĂ©finition et de caractĂ©risation de la « classe moyenne », une proportion croissante de la population mondiale n’est ni riche ni pauvre par rapport aux normes nationales mais se situe dans le milieu de l’échelle des revenus. MĂȘme en Afrique, oĂč l’essor des classes moyennes est restĂ© limitĂ©, leur progression est sensible et a contribuĂ© Ă  une hausse de la consommation intĂ©rieure dans de nombreux pays (AfDB, 2011 ; AFD, 2011). D’aprĂšs l’OCDE (2012), la classe moyenne mondiale passera de 1,8 milliard de personnes en 2009 Ă  3,2 milliards en 2020, et Ă  4,9 milliards en 2030. Cette progression sera tirĂ©e par l’Asie, qui reprĂ©sentera, en 2030, 66 % de la classe moyenne mondiale et 59 % de la consommation des classes moyennes, contre 28 % et 23 % respectivement en 2009. Les classes moyennes des pays Ă©mergents et en dĂ©veloppement constituent un moteur de la consommation et de la demande intĂ©rieure, mais restent vulnĂ©rables du fait de leurs caractĂ©ristiques en termes d’emploi (poids du secteur informel) et d’éducation (faible taux de diplĂŽmĂ©s de l’enseignement supĂ©rieur).

L’accĂšs Ă  la classe moyenne se traduit par des changements radicaux dans les modes de consommation vers des modĂšles construits dans les pays industrialisĂ©s aprĂšs la seconde guerre mondiale fondĂ©s sur l’accĂšs Ă  l’automobile individuelle et aux biens semi-durables (tĂ©lĂ©vision, Ă©lectro-mĂ©nager, etc.) ; la modification du rĂ©gime alimentaire pour une diĂšte plus consistante en protĂ©ines animales ou encore l’accĂšs aux services de loisirs et de tourisme. Le tout se traduisant par une forte augmentation de la consommation d’énergie, notamment d’électricitĂ©, par les mĂ©nages. Au Ghana, le nombre de propriĂ©taires d’automobiles et de motos aurait ainsi augmentĂ© de 61 % entre 2006 et 2012 (AfDB, 2011). Le dĂ©veloppement des centres commerciaux (shopping malls) dans les grandes mĂ©tropoles d’Asie, d’Afrique et d’AmĂ©rique du Sud illustre l’émergence de ces modĂšles de consommation empruntĂ©s aux États-Unis. Le 16 mars 2016, l’ouverture du magasin IKEA Ă  Casablanca (Maroc) a rassemblĂ© une foule de plus de 20 000 visiteurs. Ces modĂšles comportent une augmentation de la part des produits importĂ©s et favorisent le commerce mondial (AFD, 2011).

Ces modĂšles de consommation sont soutenus par un recours massif aux techniques de marketing et de publicitĂ© dĂ©sormais employĂ©es sur l’ensemble de la planĂšte. L’investissement publicitaire a reprĂ©sentĂ© 544 milliards de dollars en 2015 avec une croissance annuelle de 4,4 % et des pointes pour l’Inde (11 %) et l’AmĂ©rique latine (12,7 %), dans des pays oĂč la consommation des classes moyennes est fortement soutenue. En Europe oĂč sa croissance est modĂ©rĂ©e, voire en baisse, l’investissement publicitaire n’a augmentĂ© que de 2,6 %. On estimait Ă  59 % la part de l’augmentation des investissements publicitaires attribuables aux pays Ă©mergents sur la pĂ©riode 2014-2017 (enquĂȘte ZenithOptimedia, Thirty Rising Media Markets 2014-2016). Dans cette montĂ©e en puissance, la Chine vient en tĂȘte avec l’Argentine, l’IndonĂ©sie et le BrĂ©sil, et l’Afrique est quasi-absente. Lire l’entretien avec Homi Kharas, Brookings Institution.

 

Faire plus et mieux avec moins

Pour les gouvernements des pays dĂ©veloppĂ©s ou Ă©mergents, la consommation est une question majeure qui rĂ©pond Ă  des objectifs de nature socio-politique : favoriser l’émergence des classes moyennes et, plus gĂ©nĂ©ralement, donner des satisfactions matĂ©rielles Ă  la population en vue de maintenir la paix sociale, la stabilitĂ© politique et le soutien aux dirigeants. L’émergence de critiques contre la sociĂ©tĂ© de consommation par des sociologues tels que Marcuse (2013) ou Baudrillard (2009), et la mise Ă  nu des techniques d’influence, voire de manipulation insidieuse des consommateurs par Packard (1957), Guy Debord[6](La sociĂ©tĂ© du spectacle, 1967), Hodgson (2003) ou Klein (2015), ont d’abord touchĂ© les pays occidentaux Ă  partir de la fin des annĂ©es 1960. Elles s’étendent aujourd’hui dans une certaine mesure aux pays Ă©mergents. Les consommateurs, en particulier ceux des classes moyennes, sont ainsi de plus en plus soumis au phĂ©nomĂšne de double bind ou injonction paradoxale, mis en avant par Bateson (1977) : ils sont encouragĂ©s Ă  consommer de plus en plus mais Ă  respecter des principes d’éthique, de durabilitĂ© et, pourquoi pas, de frugalitĂ©.

En termes politique et institutionnel, les gouvernements adoptent ainsi des orientations qui mĂ©nagent la consommation. Les plans d’actions proposĂ©s sont trĂšs prudents, Ă©vitant de s’engager sur la rĂ©duction de produits nocifs (Ă  l’exception du tabac), les questions de comportement alimentaire ou les modes de transports. Ils limitent de fait leur action Ă  l’expression de recommandations non contraignantes, au travers de politiques d’éducation, de sensibilisation et d’information recourant Ă  l’éco-Ă©tiquetage et aux labels, Ă  la promotion des Ă©coproduits, aux produits locaux, Ă  la rĂ©duction des emballages ou au recours Ă  des emballages rĂ©utilisables ou recyclables. Si l’utilitĂ© de ces politiques est certaine, elles n’ont qu’un impact trĂšs rĂ©duit sur la rĂ©orientation de la consommation ou son contenu.

En 2008, la Commission europĂ©enne a Ă©tabli un Plan d’action pour une consommation, une production et une industrie durables. C’est Ă©galement l’esprit de la StratĂ©gie nationale française de dĂ©veloppement durable 2010-2013 et du Cadre dĂ©cennal de programmation concernant les modes de production et de consommation durables adoptĂ© par les Nations unies en 2013. Dans la StratĂ©gie nationale de transition Ă©cologique et du dĂ©veloppement durable, adoptĂ©e par la France en 2015, l’économie circulaire et de fonctionnalitĂ© a Ă©tĂ© mise en avant. Il y est question de taxes et de suppression de substances nocives, sans plus de prĂ©cisions, et de lutte contre l’obsolescence programmĂ©e. Plus ambitieux dans ses propositions, le Centre d’analyse stratĂ©gique a proposĂ©, dans une note en janvier 2011, de mettre en place des outils économiques et des « signaux-prix » nĂ©cessaires Ă  une transition vers une consommation durable, y compris des tarifs progressifs pour l’eau et l’électricitĂ©. Il reconnaĂźt nĂ©anmoins que « les pouvoirs publics sont rĂ©ticents Ă  actionner le levier de la consommation pour faire Ă©voluer la sociĂ©tĂ© vers un dĂ©veloppement durable » et souligne que les « politiques qui cherchent uniquement Ă  rĂ©orienter les modes de production sont insuffisantes et produisent des effets pervers ».

Il est bien Ă©vident que les gouvernements, et beaucoup d’autres acteurs socio-Ă©conomiques, confrontĂ©s Ă  la stagnation du pouvoir d’achat, Ă  la montĂ©e de la pauvretĂ© et des inĂ©galitĂ©s, et au besoin de soutenir certains secteurs comme la production agricole, sont plus que rĂ©ticents Ă  s’aventurer dans la voie de politiques d’orientation de la consommation. L’on doit s’interroger sur les facteurs et mĂ©canismes qui permettraient de promouvoir et mettre en Ɠuvre des politiques de rĂ©el changement de paradigme.

En conclusion, l’approche de la question s’articule moins en termes de solutions technologiques que d’un panel d’outils sociaux, Ă©conomiques et politiques dans le cadre d’une gouvernance renouvelĂ©e. L’histoire rĂ©cente nous interpelle sur les capacitĂ©s des États Ă  initier une nouvelle trajectoire de nos modes de production et de consommation pour faire face aux enjeux globaux et locaux. À la fin des annĂ©es 1990, les biens publics mondiaux apparaissaient dans les dĂ©bats internationaux, dans des contextes marquĂ©s par des interdĂ©pendances croissantes entre pays et une incapacitĂ© des marchĂ©s comme des politiques nationales Ă  gĂ©rer correctement les enjeux globaux que sont le climat, la biodiversitĂ© ou la santĂ©. Ils ont remis Ă  l’ordre du jour, sur un mode volontariste et renouvelĂ©, la question d’une rĂ©glementation et d’outils internationaux de gouvernance. Toutefois, les nĂ©gociations climatiques ont depuis mis en Ă©vidence l’illusion d’une gouvernance publique internationale et la nĂ©cessitĂ© de considĂ©rer une gouvernance multi-niveaux, impliquant les acteurs publics, privĂ©s et de la sociĂ©tĂ© civile, et ce dĂšs l’échelle locale (Aykut et Dahan, 2015). Une partie de la solution Ă  l’évolution de nos modes de consommation et de production est peut-ĂȘtre Ă  trouver dans les communs oĂč acteurs et citoyens se rĂ©approprient les enjeux sur leur territoire et cherchent des solutions spĂ©cifiques (Bollier, 2014).

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