La défense du territoire européen, enjeu de la décennie à venir pour la France?

Mis en ligne le 13 Fév 2018

Cet article brosse le tableau saisissant d’une Europe face à un défi inédit depuis la fin de la Guerre Froide, celui de la défense de son territoire, alors même que sa cohésion interne comme ses alliances extérieures posent questions. Le développement d’une capacité à démontrer sa puissance, notamment face à des menaces d’intensité croissante, devient pour l’auteur le gage de préservation des intérêts européens. La France, nation nucléaire dont la politique de défense pourra s’appuyer sur un effort financier majeur dans les années à venir, a un rôle clef à jouer.


Les opinions exprimées dans cet article n’engagent pas le CSFRS.

   Les références originales de ce texte sont : La défense du territoire européen, enjeu de la décennie à venir pour la France?  Marc-Antoine de Saint Germain, auditeur de la 66e session du CHEM et de la 69e session de l’IHEDN, 4ème trimestre 2017.

Ce texte ainsi, que d’autres publications peuvent être visionnés sur le site du CHEM.


La défense du territoire européen, enjeu de la décennie à venir pour la France ?

 

 

Havre de paix depuis plus de soixante-dix ans, l’Europe est désormais confrontée à des défis existentiels. Menacée d’une part d’implosion face à ses différends internes, mis à jour par des économies et des projets sociétaux contradictoires (Brexit, flux migratoires massifs, montée des populismes, fragilité de la zone euro), elle voit d’autre part les menaces se multiplier à ses portes avec la résurgence à sa périphérie des États-puissances (Chine, Russie) et des zones grises (Moyen-Orient, Maghreb, Balkans) au sein desquelles des nations émergentes – notamment sous pression du terrorisme – refusent comme la Turquie le modèle des démocraties européennes, confirmant par là-même l’essoufflement de celui-ci.

Dans un contexte de repli des États-Unis, entamé depuis 2009 avec l’arrivée au pouvoir de Barack Obama et confirmé jusqu’à présent par la nouvelle administration Trump, les Européens devront dans la décennie à venir assurer par eux-mêmes la sanctuarisation de leur territoire, sous peine de voir à nouveau des conflits émerger en son sein.

Plus qu’une nécessité, cet enjeu stratégique devrait leur permettre de définir à nouveau un projet commun leur permettant de dépasser leurs dissensions. Pour cela, la France devra définir une nouvelle approche dans sa stratégie militaire, en coopérant de façon plus intense avec ses principaux Alliés européens pour développer une capacité de démonstration de puissance, fondée sur sa dissuasion nucléaire désormais unique au sein de l’Union européenne.

 

Une Europe de plus en plus fragilisée en interne

Une lente désagrégation

Dans un état de grande fragilité, l’Union européenne est à un moment critique de son existence. L’essoufflement de sa dynamique date sans doute de 2005, année des négociations d’une constitution européenne sous l’impulsion de la France, et rejetée aussitôt par un vote des Français…

Une déconstruction lente se fait donc sentir depuis une douzaine d’années, conséquence du déni de confiance des peuples eux-mêmes vis-à-vis des institutions européennes et des dirigeants de leur propre pays face aux injonctions de ces derniers pour toujours « plus d’Europe », ou leurs discours moralisateurs appelant à dépasser les égoïsmes nationaux : « un fossé entre élites européistes et populations s’est ainsi creusé au fil des années. Il est devenu le problème numéro un. Le plus dangereux »[1]

Le monde rêvé par l’Europe a vécu et les contradictions entre Européens sont mises à jour après avoir été trop longtemps escamotées. Au premier plan, l’élargissement effréné de l’Union européenne, comme dette morale à la suite des conflits mondiaux, est une des causes majeures de ce rejet. Ensuite, la volonté des institutions européennes de se mêler de tout et de régenter dans le détail la vie des citoyens a engendré chez ces derniers un sentiment de perte de liberté et d’identité.

Ce rejet long et insidieux, masqué par les institutions elles-mêmes, a abouti au vote des Britanniques le 23 juin dernier en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union. « L’Union européenne est donc un organisme affaibli, miné de l’intérieur. (…) Elle rassemble des États membres qui fonctionnent sur la base de la démocratie représentative, laquelle est de plus en plus contestée partout dans le monde par une revendications croissante et vengeresse de démocratie participative ou même directe »[2]

Devenu un vaste espace sans frontières claires, culturellement uni mais politiquement divisé, sa recherche d’identité originelle et non assouvie révèle une bataille des idées entre un projet fondé sur une communauté de valeurs cherchant à dépasser les rivalités des nations et celui d’une puissance européenne replaçant les cultures et religions au centre de la construction. Sans jamais avoir résolu cette difficulté, les Européens ont cru que la démocratie se diffuserait par simple contact et qu’un agrégat de parties démocratiques créerait un ensemble démocratique.

Il nous faut espérer que l’arrivée d’une nouvelle administration américaine plaçant sa politique intérieure au centre de ses préoccupations finira par réveiller l’UE de sa torpeur. Car elle n’a cessé de décevoir ses citoyens : « En mars 2000, le sommet européen avait fixé un objectif stratégique pour l’Union : devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde en l’espace d’une décennie. Cette stratégie de Lisbonne n’a pas été appliquée, et la distance s’est accrue entre la réalité européenne et le modèle californien »[3]

Aujourd’hui, l’Europe est un empire fragile et décentralisé qui cherche à résoudre ses difficultés internes par une fuite en avant administrative face à des peuples inquiets et sceptiques, sans réussir pour autant à résoudre ses différends politiques. Le sommet de l’UE à La Valette (Malte) le 3 février 2017 a mis à jour la mécanique d’une possible autodestruction des institutions européennes, attisée par les positions dures du Président américain récemment élu contre les usages transatlantiques, les règles internationales ou le libre-échange, et au moment où le Brexit devient une réalité au Parlement britannique : « ce qui se joue, c’est l’avenir même de l’Union »[4]. Il faut remonter à 2003, dans une période toutefois très différente pour la construction européenne[5], pour observer des fractures aussi importantes en Europe. Alors divisée sur l’intervention en Irak, les États-Unis étaient déjà un facteur de fragilisation. La perspective actuelle d’un éventuel rapprochement entre les États-Unis et la Russie tétanise les pays de l’Europe de l’Est et les États baltes quand le Royaume-Uni cherche à rétablir sa « special relationship » avec son grand neveu américain. Pourtant, « la désintégration de l’UE ne conduirait pas à la restauration de souverainetés nationales chimériques, (…) mais au contraire à une dépendance accrue au profit des superpuissances que sont les États-Unis, la Russie et la Chine »[6]

 

Vers la fin d’un modèle ?

Initiatrice et facteur de paix dans le monde jusqu’à présent, l’Europe se pose la question de la pérennité de son modèle. Ne pesant plus par ses valeurs, par ses normes ou par la force de sa société civile, elle n’est plus un exemple à suivre pour beaucoup de nations émergentes. Bien au contraire, le modèle qui semble désormais s’imposer est celui d’États-puissances ayant fortement investi dans les domaines régaliens. Au risque de faire renoncer à leur population une partie de leurs libertés individuelles, seul moyen efficace semble-t-il identifié par leurs dirigeants pour traiter la question du multiculturalisme qui caractérise désormais la plupart de ces pays.

La construction européenne fondée sur l’idée post-guerre d’une disparition en son sein des rapports de force rend aujourd’hui son existence très fragile. L’Europe fait désormais le vide autour d’elle, et participe en partie à la déstabilisation de son environnement immédiat. N’ayant pas su développer une politique étrangère cohérente, elle s’est bornée à une « politique de voisinage »[7]

Publié il a vingt ans, Le choc des civilisations de Samuel Huntington a été très critiqué parce qu’il avait une approche un peu trop simplificatrice pour expliquer les problèmes conflictuels que rencontre la planète. Pourtant son analyse fondée sur l’existence selon lui de huit civilisations – dont les rapports entre elles seraient caractérisés par leurs affinités ou au contraire leurs différences culturelles – reste pertinente dans le contexte international actuel. Considérant que « les principes philosophiques, les valeurs fondamentales, les relations sociales, les coutumes et la façon de voir la vie en général diffèrent sensiblement d’une civilisation à l’autre»[8] la question du déclin de la puissance occidentale se pose. Pire, si certaines civilisations tentent encore d’imiter l’Occident, et l’Europe en particulier, d’autres au contraire cherchent à lui résister, particulièrement celles de tendance confucéenne ou musulmane.

La mondialisation a érodé le paysage postcolonial, qui a été jusqu’à présent composé d’États-nations théoriquement égaux, à l’image d’une Europe apaisée : elle « a creusé les roches friables des États faibles jusqu’à la roche mère des structures traditionnelles »[9]. Aux côtés desquels des empires ont réorganisé les affiliations politiques et les appartenances collectives : « C’est la faiblesse du monde occidental, son absence de vision et de politique claire, qui poussent Ankara à se forger de nouvelles alliances »[10]

 

Une Europe économiquement fragile peu engagée militairement

Aujourd’hui, l’Europe est donc en péril, l’Allemagne ne pouvant qu’espérer des réformes courageuses en France afin que celle-ci retrouve sa souveraineté financière, préalable au maintien de sa souveraineté sécuritaire. C’est une condition indispensable au maintien de la zone euro, dont la robustesse n’est assurée que si France et Allemagne restent en phase sur le plan économique : « Il y aura une Union européenne à différentes vitesses »[11]

Un éclatement de la zone euro serait sans doute un cap irréversible vers la fin de l’Union européenne, nous renvoyant des décennies en arrière, avec un risque réel du retour de la guerre en Europe. Or, le budget de défense cumulé des Européens est sous la barre des deux cents milliards d’euros. Conséquence de cette baisse progressive des investissements, la hiérarchisation des outils de défense est évidente en Europe. Hormis la France et le Royaume-Uni, la très grande majorité des pays européens ne disposent que de forces militaires locales, destinées à intervenir dans leur propre pays. Au mieux des pays comme l’Allemagne ou l’Italie ont généré des forces militaires de taille régionale susceptibles d’apporter un appui aux opérations militaires dans un rayon limité en Europe.

Au bilan, « il y a des puissances européennes mais l’Europe n’est pas à l’origine un projet de puissance »[12] Dans ce contexte et confrontée à la menace terroriste, l’Europe est soumise à de nouvelles vulnérabilités concernant sa sécurité : « Avec l’irruption du djihadisme militarisé, le fait guerrier s’importe désormais au cœur du territoire européen, que l’on pensait pourtant sanctuarisé. (…) Une rupture grave et sans nul doute durable de la situation d’insularité stratégique dans laquelle semblait nous placer la fin de la guerre froide »[13]

 

Une Europe menacée par un monde multipolaire

Des affrontements de nouvelle nature, des guerres aux multiples visages

Des lignes de fracture apparaissent entre des zones abandonnées d’un côté (comme une large partie de l’Afrique ou du Moyen-Orient), et d’autres où s’affrontent directement ou indirectement des États forts guidés par une forme nouvelle ou rénovée d’impérialisme. Ces lignes de fracture voient se développer une sorte de privatisation des conflits (en particulier dans les États faillis) d’une part, et une guerre d’usure d’autre part, sans vainqueurs clairement identifiés. Mais elles portent surtout en germe des risques d’affrontement beaucoup plus violents et brutaux entre les États-puissances eux-mêmes (la mer de Chine est symptomatique de ce type d’affrontement indirect qui pourrait dégénérer).

La guerre moderne a donc muté et se révèle aujourd’hui sous plusieurs formes. La guerre d’ingérence est la première évolution depuis la fin de l’ère coloniale. Avec les conséquences souvent malheureuses du prix fort payé par les populations civiles. La question est désormais de savoir si l’ingérence restera consubstantielle à l’Occident. La seconde est économique, comme l’illustre la faiblesse des entreprises européennes face au diktat du droit juridique américain[14]. La troisième revisite les principes de la guerre froide : ne pas se combattre et ne pas se parler, comme c’est le cas actuellement au Moyen-Orient par théâtres interposés (Yémen, Syrie) entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. La quatrième est civile et tout aussi sanglante, engendrant des migrations internes massives (Afrique) mais également externes (Méditerranée, Europe de l’est). Celle-ci est sans doute la plus difficile à maitriser car elle repose sur l’ethnique et le religieux, facteurs d’affrontement de plus en plus violents, en particulier quand ce dernier repose sur le terrorisme. Sans compter la guerre nucléaire dans sa forme dissuasive et la prolifération galopante qui lui est liée, le retour des impérialismes (Iran, Turquie, Russie) quels que soient leurs motifs (économique, politique, culturel) ou la cyber-guerre.

Ces nouvelles formes de la guerre ont pour conséquence d’accélérer la déliquescence des États les plus faibles et la multiplication de zones grises, au sein desquels l’influence de nations intermédiaires (Iran, Turquie, Arabie Saoudite, Inde) devient prépondérante.

 

Un positionnement américain imprévisible générant de l’incertitude, fondé depuis plusieurs années sur le repli

L’arrivée au pouvoir de la nouvelle administration américaine est sans doute l’expression de la poursuite de l’effondrement du monde bipolaire, débuté en 1991 avec la fin de l’URSS, permettant aux formes de guerre décrites précédemment de se développer.

Donald Trump s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur quand il considère que les États-Unis ne sont plus en mesure d’être les gendarmes du monde. Néanmoins, sa victoire a ajouté un trouble supplémentaire en Asie du Sud-Est sur la survie d’accords militaires noués parfois depuis plus de 60 ans : le Président américain a ainsi laissé entendre que le Japon et la Corée du Sud auraient intérêt à se doter de l’arme nucléaire pour assurer eux-mêmes leur protection. Il a aussi menacé de remettre en cause les traités de défense avec ses alliés historiques, notamment en Europe, s’ils ne contribuaient pas davantage aux dépenses militaires.

Le pivot vers l’Asie du Sud-Est, lancé par Barack Obama en 2011, visait à resserrer les liens avec ses alliés et à réaffirmer sa domination contestée par la Chine tout en se retirant des théâtres extérieurs au Moyen-Orient (Irak, Afghanistan), se détournant ainsi de l’Europe. Ce programme ambitieux « n’a toutefois jamais vraiment convaincu les pays d’Asie du Sud-Est »[15]. Pékin n’a pas renoncé à ses prétentions territoriales sur la quasi-totalité de la mer de Chine occidentale et a continué à aménager des îlots pour y construire des infrastructures portuaires et aéronavales. Les États-Unis se sont également montrés incapables de freiner l’escalade nucléaire nord-coréenne. Ils ont laissé le Moyen-Orient dans l’état que l’on connaît actuellement, avec l’obligation d’y revenir aussitôt (Irak)…

Si le retrait progressif des États-Unis pour le règlement des affaires internationales n’est pas nouveau – illustré par la politique du « Lead from behind », chère au Président Obama, et l’échec cuisant de celui-ci au Proche-Orient – ils se démarquent désormais par l’imprévisibilité de la nouvelle administration et génèrent une incertitude anxiogène chez les Européens, accentuant ainsi leurs dissensions internes. En formalisant sa politique par le slogan « America first », elle confirme ce repli sur soi, et avec lui l’ensemble du monde occidental, laissant ainsi un peu plus la place à l’expansionnisme des États-puissances comme la Russie et la Chine.

 

La Russie, tête de file des États-puissances sur le front Est de l’Europe, en quête d’une plus forte implantation en Méditerranée et marquant son retour en Atlantique

L’intervention russe en Syrie, première opération lancée à l’extérieur de l’ancienne zone soviétique, prouve à quel point l’ancienne armée rouge s’est modernisée et renforcée depuis la réforme lancée en 2008 pour combler les lacunes révélées par les guerres de Tchétchénie et de Géorgie : « L’engagement syrien aurait été impossible il y a dix ans. Jusqu’à l’annexion de la Crimée en mars 2014, l’armée russe n’était plus un acteur international. L’instrument militaire, même s’il a toujours conservé son potentiel de destruction et ses capacités nucléaires, ne pouvait pas être utilisé à l’extérieur des frontières de la Russie »[16]

En quelques années, le prestige de la Russie s’est donc considérablement redressé.

Sa détermination à recourir à la force et sa rapidité à traduire la volonté politique au niveau militaire ont surpris les Occidentaux en Syrie. Préoccupées par la radicalisation d’une partie de leur population de religion musulmane (20 millions en Russie), les autorités russes ont engagé une grande partie de leurs moyens militaires en Irak et en Syrie, en lien avec les Iraniens et le Hezbollah libanais. Cette diplomatie volontariste au Moyen-Orient n’est pas nouvelle : Vladimir Poutine inscrit son action dans la continuité de la stratégie des tsars, dictée par la géographie au cœur de laquelle le domaine maritime est un enjeu afin de ne pas rester enclavé. Winston Churchill disait déjà en parlant de la Russie : «  C’est un géant auquel on a bouché les narines ».

A l’avenir, c’est la politique russe dans les Balkans qui doit être l’objet de toute notre attention. La présence russe en Serbie, Bulgarie, Hongrie ou Slovaquie pourrait menacer la stabilité de ces pays et fragiliser encore un peu plus un territoire européen perméable. Pire, elle semble jouer à dessein dans cette région un rôle perturbateur vis-à-vis des objectifs de l’Union européenne. Comme le note le président du Conseil russe de politique étrangère et de défense, un centre de réflexion influent, « il y a chez nous un courant qui plaide pour un retour dans cette région »[17]

Déjà présente en Méditerranée orientale, notamment grâce à sa base navale permanente à Tartous (Syrie), la Russie s’efforce par ailleurs d’établir des relations durables avec l’Égypte[18], profitant de l’erreur de l’administration américaine perçue comme favorable aux Frères musulmans. Dans le domaine militaire des manœuvres entre les deux marines ont ainsi été menées en juin 2015 en Méditerranée.

 

La Chine pourrait développer sa politique du fait accompli en Méditerranée

La présence chinoise en Méditerranée, aux portes Sud de l’Europe, est désormais une réalité compte tenu de ses investissements massifs dans les infrastructures de transport, en particulier portuaires. Cherchant à mettre en place des mécanismes de coopération bilatérale en Europe du Sud (Chypre, Espagne, Grèce, Italie, Malte et Portugal), la politique chinoise fait porter un risque sur l’unité européenne, au moment où Bruxelles est en situation de fragilité. Développement maritime de son plan « 21st century maritime silk road », l’implantation chinoise en Méditerranée est l’extension européenne de sa nouvelle route de la soie. La manœuvre chinoise n’est pas d’impliquer les Européens les plus influents à ses mécanismes de coopération, mais au contraire de profiter des faiblesses des pays périphériques pour asseoir sa domination économique, participant ainsi au potentiel délitement européen. La présence chinoise concerne l’ensemble du pourtour méditerranéen : au Pirée (Grèce), à Cherchell (Algérie), à Port-Saïd et Alexandrie (Égypte), à Ashdod et Haïfa (Israël), à Ambarli (Turquie) ou à Gênes et Naples (Italie). La question d’une stratégie chinoise[19]en Méditerranée se pose désormais clairement après les exercices militaires menés pendant dix jours en mai 2015, conjointement avec la Russie. Sa coopération avec ce pays correspond à une répartition des zones d’influence économique et à une entraide, confirmée par les exercices conjoints menés en mer de Chine en septembre 2016. Ceux-ci ont pu être interprétés comme une forme de renvoi d’ascenseur par les Chinois après l’opportunité russe d’entraînement offerte en Méditerranée en 2015.

Au-delà des aspects économiques, cette stratégie semble avant tout guidée par la nécessité d’évacuer ses ressortissants dans ces régions en cas de crise (plus de 35 000 chinois ont été évacués de Libye en 2011, et près de 600 du Yémen en mars 2015). Pour autant, la capacité chinoise à ne pas respecter le droit international, illustrée par sa politique du fait accompli en mer de Chine, doit nous faire réfléchir sur ses intentions en Méditerranée. À l’image du développement chinois à Djibouti[20]., il n’est pas irréaliste d’envisager la création d’une base navale chinoise en Méditerranée.

 

Aux portes de l’Europe du Sud, le Maghreb est en situation instable

Si le trait d’union entre les pays qui composent le Maghreb est la culture arabo-berbère, la stabilité de l’ensemble s’avère plus que fragile. Plusieurs tentatives de rapprochement voire d’intégration économique et politique ont eu lieu, mais Maroc, Algérie et Tunisie restent fondamentalement différents. Sans compter la Libye… Cette incertitude aux portes de l’Europe du Sud pourrait être le prochain sujet de sécurité pour l’Europe dans la décennie à venir.

En effet, au-delà de la problématique des flux migratoires en Méditerranée et des risques d’importation des contestations locales en cas d’effondrement du pouvoir en Algérie ou en Tunisie[21], une dégradation de l’environnement sécuritaire dans ces pays pourrait conduire à une intensification des trafics à la frontière libyenne, à destination du Sahel ou de l’espace méditerranéen, et pourrait augmenter la menace terroriste. La maîtrise des risques et l’anticipation de leurs impacts potentiels sont désormais un sujet d’intérêt pour les pays européens, conscients de l’impossibilité de considérer la Méditerranée comme une frontière liquide, vide et protectrice.

Les Européens ayant déserté ces pays pour des raisons historiques, les pays du Maghreb sont par ailleurs un lieu d’expansion de la Chine et de la Russie, dans le cadre de leur stratégie en Méditerranée, mais également le nouveau lieu d’affrontement des pays du Golfe et de la Turquie. Le scénario d’un embrasement du Maghreb est réaliste, faisant augmenter de fait la menace sur le territoire européen en cas de déploiement de systèmes balistiques d’origine russe…

 

La Turquie, un problème de plus en plus important pour les Européens

La répression qui sévit en Turquie inquiète les Européens. En tout, quelque 100 000 personnes ont été touchées par les purges dans l’armée, la police, la justice, l’enseignement, la presse, l’administration et les entreprises. Et dans ce contexte, le Parlement turc pourrait adopter une réforme constitutionnelle en faveur d’un renforcement des pouvoirs du Président Erdogan…

Or, la Turquie est un pilier de l’Alliance. Deuxième armée par le nombre de ses militaires (avant les purges), elle est le quatrième pays contributeur aux opérations de l’OTAN. Pour les Occidentaux, elle occupe une position stratégique, verrouillant l’accès à la Méditerranée via les détroits du Bosphore et des Dardanelles. Ancrée dans le Moyen-Orient, proche des Balkans et face à la Russie, elle est un pays clé pour la géopolitique européenne. Pour cette raison, l’Alliance y entretient de nombreuses installations militaires: la base aérienne d’Incirlik, utilisée par la coalition contre Daech, celle de Kürecik qui sert à la défense antimissile des Alliés et un centre de commandement à Izmir.

Depuis que la Turquie est entrée dans l’Alliance en 1952, ses relations avec les autres pays membres ont toujours été instables. Contrariées par l’intervention militaire turque à Chypre en 1974, réchauffées dans les années 1990, elles se sont à nouveau dégradées au début des années 2000, lorsque l’Europe a refusé de considérer le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) comme une organisation terroriste. Avec la guerre en Syrie, les motifs de discorde se sont multipliés : le rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine jette un trouble[22]

La liste des reproches occidentaux est longue : en 2013, la décision d’Ankara de s’équiper d’un système de défense anti-aérien chinois a provoqué un tollé parmi les pays de l’OTAN, qui ont forcé le gouvernement turc à reculer. Depuis le début du conflit syrien, ces derniers reprochent à Ankara son ambivalence vis-à-vis de Daech ainsi que sa complaisance vis-à-vis de Téhéran dans le difficile règlement du dossier nucléaire iranien. Les Européens n’ont pas apprécié le chantage exercé par Ankara sur la question des migrants. Depuis, ils s’interrogent : la Turquie est-elle en train de renoncer à son ancrage occidental ?

Les griefs sont tout aussi nombreux du côté turc et sa méfiance ne date pas d’aujourd’hui. À l’époque de la guerre froide, le président américain Lyndon Johnson avait menacé de ne pas soutenir la Turquie si une crise éclatait entre Ankara et l’URSS sur la question chypriote. Sans compter le refus de l’OTAN de considérer la demande de protection d’Ankara qui craignait des représailles de Saddam Hussein pendant la guerre contre l’Irak en 2003.

C’est l’absence de vision et de politique claire du monde occidental, dans la situation de  désintégration de la région, qui pousse Ankara à se forger de nouvelles alliances : « L’entente avec la Russie est fondée sur le désespoir »[23]

 

Concentrer ses efforts sur la défense du territoire européen

La poursuite du développement multipolaire des relations dans le monde révèle donc que celui-ci est désormais dominé par trois pays (États-Unis, Chine, Russie), alors que des zones grises (Moyen-Orient, Afrique, Balkans…) cherchent leur place, hésitant entre rallier brutalement ces États-puissances ou tenter de s’en remettre à des pays émergents de taille intermédiaire qui s’émancipent (Inde, Iran…) grâce à leurs ressources énergétiques, à leur position géostratégique, ou à leur puissance nucléaire (quand ils ne possèdent pas les trois…).

Dans de ce monde déstructuré, l’Europe joue de plus en plus le rôle de spectateur, fragilisée par ses incohérences internes à l’image de son incapacité à peser en Syrie : « aujourd’hui, les Européens, qui croyaient vivre dans le monde idéal de la communauté internationale et du droit, se réveillent dans Jurassic Park : Donald Trump inquiète tout le monde, Poutine nous provoque, l’Islam se convulse »[24]

Or, le monde se recompose à ses frontières, et les tensions se rapprochent inexorablement de son territoire : le Maghreb, le Moyen-Orient[25] ou l’Europe de l’Est sont désormais le lieu d’affrontements directs ou indirects et des jeux d’influence des États-puissances.

 

Développer une capacité de « démonstration de puissance » européenne dans le haut du spectre

Dans le cadre de sa politique de défense, la France devra prendre en compte dans la décennie à venir le besoin d’une capacité de « démonstration de puissance » européenne en mesure de répondre aux rapports de force que ces États-puissances veulent imposer aux Européens par leur stratégie du fait accompli, dont l’objectif n’est pas d’aller à l’affrontement mais de s’imposer régionalement. La formalisation en France d’une telle fonction stratégique lui permettrait de préciser ses positions au sein de l’Alliance atlantique et de mieux se faire comprendre de ses partenaires, pour une meilleure cohésion européenne et un niveau d’ambition cohérent face aux menaces émergentes.

La tentation de poursuivre exagérément nos interventions loin du territoire national pour le combat contre le terrorisme islamique – qui risque à tout moment et dans la durée de se manifester contre nos propres concitoyens – pourrait nous entraîner vers un investissement capacitaire dédié et nous faire négliger le besoin de capacités terrestres en nombre dans le haut du spectre nécessaires à toute forme de démonstration de puissance : « L’armée française a été transformée en un kit expéditionnaire »[26]. Ces capacités seront de plus en plus sollicitées pour faire face aux menaces puissantes aux frontières européennes, à l’image des nouveaux contrats « Enhanced Forward Presence » définis par l’OTAN dont l’objectif est de prépositionner des forces en Europe.

Les espaces maritimes seront sans doute un lieu majeur d’expression de cette démonstration de puissance européenne, indispensable à la préservation de ses intérêts, allant bien au-delà des problèmes de gestion des flux migratoires. En effet, la multiplication des patrouilles sous-marines suspectes à la limites des eaux européennes (Atlantique, Méditerranée), le développement des marines asiatiques (Chine, Russie) en Méditerranée et la situation très volatile des pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Libye) ou du Proche-Orient (Syrie) laissés à l’influence de la Chine ou de la Russie nécessitent de développer des capacités navales militaires du haut du spectre pour être en mesure de protéger dans la durée le sanctuaire européen. Or à l’horizon 2030, le paysage naval mondial aura été totalement renouvelé, fruit d’un investissement colossal (40 milliards de dollars chaque année dont 12 milliard pour les États-Unis et 12 milliards en Asie). Les flottes sont donc de plus en plus symétriques, avec une forte poussée des outils de premier rang (porte-avions ou porte-aéronefs, bâtiments amphibie, sous-marins).

Dans un autre domaine, la multiplication des vols de démonstration de la part de l’aviation stratégique russe (bombardiers Tu-160 Blackjack dédiés à l’arme nucléaire) en 2016, et plus récemment en février 2017, nous prouve à quel point la sanctuarisation du territoire européen (et de son espace aérien) est fragile et reste un enjeu majeur. Allant bien au-delà des incursions de l’aviation russe dans le ciel des États baltes, ces démonstrations régulières rappellent à l’ensemble des Européens que la protection de l’ensemble de leur territoire nécessite des capacités importantes et une coopération de tous les instants. Or le « mitage » des outils européens de défense antiaérienne constitue une fragilité importante dans le haut du spectre capacitaire : les aviations européennes s’écroulent, la plupart des flottes de l’Europe de l’Est étant à bout de souffle, avec des coûts de renouvellement exorbitants, poussant les nations concernées à vouloir financer en commun les nouvelles capacités.

 

Repenser la fonction stratégique « protection » à l’échelle européenne

Les contraintes financières imposées par la situation compliquée de la plupart des budgets européens (due à une économie atone) nécessitent de développer dans la décennie à venir une approche européenne volontariste pour faire face aux risques d’implosion d’une part, et aux menaces qui se développement à la périphérie de l’Europe d’autre part.

Pourtant les fuites récentes dans la presse britannique[27]. d’une note émanant de l’ancien commandant du Commandement des forces interarmées britanniques, le général Sir Richard Barrons, indiquent que l’OTAN, fragilisée par les divisions entre ses membres, ne serait pas en mesure de réagir en cas d’agression russe.

Le défi est donc celui du financement de la défense de l’Europe, que les Alliés européens se sont refusés jusqu’à présent de relever. Dans ce contexte, une partie d’entre eux rêvent de financer en commun leurs capacités les plus onéreuses. Or ce type d’investissement fait porter un risque réel de tétanie opérationnelle en cas de besoin : pour engager des capacités communes, les nations doivent unanimement porter des objectifs politiques et militaires communs, ce qui est compliqué lors des interventions en coalition internationale[28].

Au contraire, les Européens doivent développer en propre les capacités du haut du spectre qu’ils sont en mesure de mettre à disposition de leurs partenaires dans le cadre de coalitions ad-hoc lorsque leurs intérêts politiques convergent.

Pour inciter ses partenaires européens à aller dans ce sens, la France doit donner des gages en participant dans la durée au fardeau de la défense du territoire européen, hors du champ de sa dissuasion nucléaire. Tout en préservant sa capacité de projection et d’entrée en premier (Afrique, Océan Indien, sans oublier la zone Pacifique). Cela nécessitera, dans la décennie à venir, des investissements clairs dans notre outil de défense nationale pour récupérer des marges de manœuvre, notamment numériques.

Dans ce contexte, il est souhaitable de redéfinir précisément la fonction stratégique « protection » en l’élargissant au territoire européen. Un nouvel exercice de réflexion stratégique impliquant fortement nos principaux partenaires européens (Royaume-Uni, Allemagne mais également Italie, Espagne, Pays-Bas, Belgique, Norvège, Pologne) doit être mené afin de définir conjointement les moyens et capacités à générer pour la protection de l’Europe. Cette réflexion devra prendre en compte le futur de l’offre américaine de défense antimissile balistique, mise à la disposition de l’Alliance atlantique[29]dans le cadre de la protection des États-Unis. En effet, l’incertitude générée par l’arrivée de la nouvelle administration américaine devrait faire évoluer les positions de certains partenaires européens sur la fiabilité politique d’un tel dispositif de protection qui, de surcroît, risque de détourner une partie de leurs moyens, notamment navals, pour la protection des installations américaines en Europe.

Pour cela, le maintien d’une relation forte avec le Royaume-Uni, libéré de son dilemme vis-à-vis de l’Europe de la défense quand sa sortie de l’UE sera effective, est un enjeu majeur afin d’envisager une forme de pilier européen au sein de l’Alliance : « Je suis fière du rôle que la Grande-Bretagne a joué et continuera à jouer pour la sécurité de l’Europe. La Grande-Bretagne a été leader, en Europe, pour maintenir notre continent en sûreté, que ce soit pour mettre en œuvre des sanctions contre la Russie après son action en Crimée, ou pour assurer la paix et la stabilité dans les Balkans, ou pour protéger la frontière extérieure de l’Europe. Nous allons continuer à travailler en étroite collaboration avec nos alliés européens en matière de politique étrangère et de défense alors même que nous quittons l’UE elle-même »[30].

 

Une dissuasion française qui sanctuarise la démonstration de puissance européenne

Les démonstrations russes aux portes du territoire européen reposent sur le principe de la sanctuarisation agressive dont l’ambition est de réaliser un fait accompli indiscutable fondé soit sur la vitesse et la surprise (gesticulations maritimes et aériennes en espace international), soit sur des manœuvres combinant la subversion, le terrorisme ou l’insurrection (Ukraine).

Cette nouvelle doctrine russe augmente le nombre de scénarios dans lesquels l’arsenal nucléaire pourrait être employé. À l’époque de la guerre froide les règles tacites qui régissaient les armes nucléaires étaient respectées. Ce n’est plus le cas : «la manière dont les Russes utilisent l’arme nucléaire brouille le jeu traditionnel entre la dissuasion qui normalement sert à la protection des intérêts vitaux et la coercition. La menace nucléaire est utilisée non plus pour consolider un statu quo mais pour le changer. (…)  Si elle nous empêche (…) d’apporter une réponse conventionnelle à un problème, la Russie nous force à nous placer un jour, nous aussi, dans une logique d’emploi de l’arme nucléaire»[31].

Ainsi, lorsqu’il menace d’utiliser son arsenal stratégique pour traiter des sujets comme l’Ukraine, que l’Occident considère comme étant séparés du nucléaire, Vladimir Poutine fait monter d’un cran la menace. L’Europe doit donc bâtir une doctrine capable de préserver ses marges de manœuvre de sorte qu’elle puisse d’une part sonder les intentions des acteurs et d’autre part, leur signifier de façon explicite un seuil à ne pas dépasser : «Les Européens oublient la grammaire de la dissuasion car elle appartient selon eux aux temps anciens de la guerre froide. Mais la fluidité de plus en plus grande entre la force conventionnelle et l’arme nucléaire fait courir au monde un grand danger »[32].

Jusqu’à présent, trois pays (États-Unis, Royaume-Uni et France) en Occident pouvaient s’appuyer sur leur dissuasion nucléaire pour maintenir un effet de seuil nucléaire élevé pour la stabilisation de leur zone géographique et le respect de leurs intérêts dans le monde. Or, la politique « America first » affichée par le Président Trump révèle l’incertitude quant à la volonté américaine de vouloir maintenir son niveau d’intervention au profit des Occidentaux.

Quant au Royaume-Uni, fatigué par une dizaine d’années de déploiements extérieurs (Afghanistan, Irak), son repli politique ne peut être nié, fragilisant de fait sa capacité d’intervention. En attendant d’être en mesure de disposer d’un outil militaire à nouveau à la hauteur de ses ambitions. En outre, la dépendance britannique de plus en plus assumée vis-à-vis des Américains dans le contexte du Brexit participe à faire chuter son seuil d’intervention.

La France pèse donc de façon très singulière dans le dispositif européen. Elle est actuellement la seule en mesure d’offrir de façon autonome, comme nation européenne, une dissuasion permettant de maintenir un seuil nucléaire élevé face aux adversaires potentiels de l’Europe. Par sa capacité à se positionner en appui des pays européens, elle contribue directement à la sécurité collective.

Face aux menaces décrites précédemment, la crédibilité de la dissuasion nucléaire permet de sonder les intentions des adversaires, c’est-à-dire de pouvoir mettre des moyens sur la table d’une crise. C’est tout l’enjeu de la démonstration de puissance européenne pour la sanctuarisation du territoire européen. Cela permet de bâtir un dialogue stratégique en dessous du seuil nucléaire, pour éviter le fameux « dilemme du tout ou rien»[33].

Cela exige des capacités classiques d’une quantité et d’un niveau suffisants puis de les déployer pour obliger l’adversaire à discuter.

Cette réflexion doctrinale et capacitaire doit désormais être menée au niveau européen suivant les termes du communiqué du sommet de Varsovie ayant réaffirmé la dimension nucléaire de l’Alliance[34]. Sans renoncer pour autant à notre autonomie stratégique.

 

Conclusion

Dans un monde incertain, complexe et fortement évolutif, la doctrine nucléaire doit être globale. C’est la dimension européenne de la dissuasion française, par l’effet de seuil qu’elle garantit, qui permettra dans l’avenir aux Européens d’assurer par eux-mêmes la protection de leur territoire et de maintenir leur liberté d’intervention au-delà pour la défense de leurs intérêts partagés.

Elle repose en amont sur la capacité européenne à démontrer sa puissance dans ses zones d’intérêt afin de rééquilibrer le rapport de force avec les États-puissances et les nations émergentes.

Protection, démonstration de puissance et dissuasion nucléaire formeront le triptyque de la politique de défense européenne dans la décennie à venir.

 

 


BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

Espoir – Revue de la Fondation Charles de Gaulle, décembre 2016,

A l’Est, rien de nouveau ?  – Revue de la Défense nationale, décembre 2016

Jean-Yves Le Drian, Qui est l’ennemi ? Les Éditions du Cerf, 2016, 76 p.

Renaud Girard, Le monde en guerre – 50 clefs pour le comprendre, Carnets Nord – Edition Montparnasse, 2016, 360 p.

Alexandre Del Valle, Les vrais ennemis de l’occident – Du rejet de la Russie à l’islamisation des sociétés ouvertes, Éditions de l’Artilleur, 2016, 541 p.

Dominique de Villepin, Mémoires de paix pour temps de guerre, Éditions Grasset & Fasquelle, 2016, 665 p.

Hubert Védrine, Sauver l’Europe, Éditions Liana Levi, 2016, 94 p.

Thierry de Montbrial et Dominique David, Ramses 2017 – Un monde de ruptures, IFRI, Éditions Dunod, 2016, 350 p.

Samuel Huntington, Le choc des civilisations, Odile Jacob, 1997, 547 p.

References[+]


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