L’énergie en Chine : la construction du socialisme

Mis en ligne le 29 Jan 2018

Cet article propose, avec une vaste fresque historique, une prise de champ sur la croissance économique chinoise et sur la trajectoire énergétique qui l’a appuyée. Cette vue d’ensemble offre un éclairage unique de la construction du socialisme en Chine, avec un rapprochement entre démographie, société, économie et énergie saisissant compte-tenu de la place qu’occupe, à l’heure du défi climatique, la Chine sur l’échiquier international.


Les opinions exprimées dans cet article n’engagent pas le CSFRS.

Les références originales de ce texte sont:  Jean-Marie Martin-Amouroux « L’énergie en Chine : la construction du socialisme », Encyclopédie de l’Energie, Histoire mondiale de l’énergie, Décembre 2017. 

Ce texte, ainsi que d’autres publications, peuvent être consultés sur le site de l’Encyclopédie de l’Energie


L’énergie en Chine : la construction du socialisme

 

« A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la Chine était devenue le pays le plus pauvre du monde »[1]. Le faible développement industriel de l’entre-deux-guerres avait été en grande partie ruiné par les destructions de la guerre civile, celles de la lutte contre les Japonais et celles résultant du démantèlement par les Soviétiques des installations industrielles de Mandchourie.

Tout était donc à faire, lors de la création de la République populaire de Chine en 1949. Ce qui a été réalisé depuis a été exceptionnel dans tous les domaines, au premier rang desquels celui de la disponibilité de sources d’énergie dites commerciales (par opposition au bois de feu de la paysannerie) multipliée par 150 entre 1950 et 2016, alors même que, depuis 2013, le 12ème Plan et les réformes du président Xi Jinping s’efforcent de mieux maîtriser une croissance devenue source de pollutions intolérables et d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Quelles ont été les principales trajectoires de cette extraordinaire croissance énergétique ? Sur quelles sources d’énergie s’est-elle appuyée ?

Cette vue d’ensemble précédera un examen plus précis des objectifs poursuivis, des instruments utilisés et des résultats obtenus au cours de trois périodes (1950-79, 1980-2012, depuis 2013), chacune dominée par la politique d’un président : Mao Zedong, Deng Xiaoping et Xi Jinping.

 

Une croissance énergétique sans précédent

En 1950, débute une période de croissance démographique, économique et énergétique quasiment ininterrompue (tableau 1).

Tableau 1: Évolution démographique, économique et énergétique 1950-2016

Les conséquences de cette politique sont désormais bien connues : la chute du taux de fertilité (les 6,03 enfants vivants par femme en 1950 ne sont plus que 1,6 en 2015) ; le vieillissement de la population (la part des plus de 60 ans a grimpé de 7,4% en 1950 à 15,4% en 2015) ; la surreprésentation des garçons dans la société (de 1,07 par naissance d’une fille en 1950, le nombre de garçons a atteint 1,16 en 2015 après un pic de 1,21 en 2005). Le 29 octobre 2015, le Parti communiste chinois (PCC) a finalement aboli la politique de l’enfant unique dans le but d’un retour à la croissance du taux de fertilité et d’un freinage du taux de vieillissement.Alors qu’il n’avait pas dépassé 0,33% entre 1850 et 1949, le rythme annuel moyen de la croissance démographique chinoise saute à 1,74%, puis 2,29% au cours des deux décennies suivantes sous l’effet d’une baisse du taux de mortalité et d’un encouragement à la natalité par les nouveaux dirigeants communistes .En 1979, de tels rythmes sont jugés incompatibles avec la volonté de pousser les feux de l’industrialisation. Des mesures de contrôle des naissances, dont la célèbre politique de l’enfant unique surtout appliquée dans les villes, vont progressivement les réduire à 1,88%, 1,66%, 0,91% et 0,58% au cours des quatre décennies suivantes. Entre 2010 et 2016, le taux est même tombé à 0,48%.

Le ralentissement de la croissance démographique à partir des années 1970 a accompagné une accélération de la croissance économique dont le taux annuel moyen a augmenté de 5,0 % entre 1950 et 1980 à 7% entre cette dernière date et 2016, dont 11% au cours de la décennie 2000-2010. La première période correspond à la reconstruction et à une industrialisation inspirée du modèle soviétique, donc basée sur les industries lourdes, entre 1950 et 1957, suivies de la recherche tâtonnante d’une voie chinoise à travers les expériences du Grand Bond en avant de 1958 puis de la Révolution Culturelle de 1968. Ces dernières ont évidemment pesé sur la croissance industrielle dont le taux annuel moyen est tombé de 33,6% (1949-52) à 18% (1952-57), 12% (1957-65) et 9% (1965-73)[2].

La seconde période est celle des succès de l’économie socialiste de marché instaurée par les réformes du président Deng Xiaoping, à partir de 1978, bien décidé à faire de la Chine une puissance industrielle de premier rang à l’échelle mondiale. La conjonction d’une libéralisation économique, d’une main d’œuvre bon marché et d’un taux de change très compétitif va assurer l’essor d’industries manufacturières tournées vers l’exportation, notamment dans les Zones économiques spéciales (ZES) qui offrent des avantages fiscaux aux investisseurs étrangers. Résultats : une élévation rapide des revenus créatrice d’un marché intérieur de plus en plus large, donc de débouchés incitant à de nouveaux investissements.

Une telle croissance économique n’aurait pas été concevable sans un bouleversement complet du système énergétique. De sa base biomassique ancrée dans les campagnes chinoises de 1949, il va se développer en direction des sources d’énergie dites commerciales (charbon minéral, produits pétroliers, gaz et électricité) à un rythme supérieur à 8% par an sur toute la période, mais plus élevé avant 1980 (10,7%) qu’après (6,2%). Les résultats de cette croissance se passent de longs commentaires : de moins de 0,1 tonne d’équivalent pétrole (tep)/habitant, la consommation par tête a sauté à 0,4 en 1980 et 2,2 en 2016, soit la moitié de celle de l’Europe occidentale. Parallèlement, l’intensité énergétique du Produit Intérieur Brut (PIB), après avoir quadruplé au cours de la première sous-période (de 0,10 tep/1 000$ en 1950 à 0,40 en 1980), a été divisée par deux au cours de la seconde, sous l’effet de profonds changements de la structure industrielle, du mix énergétique et des efficacités d’utilisation des sources d’énergie. Ces évolutions méritent d’être présentées avant d’être expliquées.

 

De la prépondérance des sources d’énergie traditionnelles à l’essor des sources commerciales

A la fois « première nation agricole du monde » et pays « où le rationnement subsiste, où de graves carences alimentaires affectent encore une bonne partie de la population », la Chine de 1949 compte environ 554 millions d’habitants, dont 440 vivant dans les campagnes, ce qui représente une densité moyenne de 255 habitants au km2, « la plus forte du monde pour un si grand pays »[3].

Pauvres pour la plupart, les paysans n’ont pas d’autres sources d’énergie mécanique que leur force musculaire et celle de leurs animaux domestiques que complètent dans certaines régions quelques moulins hydrauliques ou éoliens. Les sources d’énergie thermique pour satisfaire leurs besoins quotidiens de cuisson des aliments et de chauffage des maisons  ne sont autres que des résidus de récoltes, des branchages et des excréments d’animaux séchés[4].

Les volumes brûlés diffèrent évidemment d’une région à l’autre et selon les saisons, mais, en moyenne, un foyer rural type de 5 personnes utilise quotidiennement environ 12 kg de paille ou de branchages pour obtenir, moyennant un rendement de 10%, une quantité d’énergie thermique de 19 millions de Joule (MJ), soit 0,450 kilos d’équivalent pétrole (kep) par an. Dans les régions d’élevage déboisées, telles que la Mongolie intérieure, le Xinjiang et le Xizang, la biomasse est remplacée par les bouses séchées mais leur taux de récupération est si bas qu’elles ne doivent pas représenter plus de 2% de la biomasse consommée à l’échelle nationale. La contribution des autres sources d’énergie mécanique (traction animale et petits aménagements hydrauliques) est encore beaucoup plus faible[5].

 

Les conséquences de cette pauvreté énergétique sont multiples. La plupart des paysans chinois souffrent de pénuries plus ou moins longues qui se traduisent par de graves insuffisances alimentaires et un chauffage défectueux des habitations, sources de morbidité et de mortalité précoces. Ces conséquences négatives sont encore amplifiées indirectement par l’impact sur la fertilité des sols, donc la production agricole, du manque de fertilisants imputable à la combustion des déchets végétaux et animaux. La mobilisation de toutes les ressources de la biomasse à des fins énergétiques se répercute aussi sur la couverture forestière du pays car, une fois les branchages collectés, les paysans sont contraints de couper les arbres, donc de favoriser l’érosion et de perdre encore des surfaces utiles pour l’agriculture.

A côté des grands volumes de biomasse brûlés dans toutes les campagnes et même dans certains quartiers de ville, les autres sources d’énergie sont rares et se limitent presque exclusivement à du charbon minéral, représentant plus de 80% de la consommation des sources d’énergie dites commerciales, car ce combustible a peu de concurrents. Des quantités très limitées de produits pétroliers, tirés des 100 000 tonnes/an qu’apportent les trois petits champs en activité et les importations soviétiques, sont réservées à la maigre flotte de camions et de navires. Sur la production de 4,31 TWh d’électricité de 1949, 0,70 sont fournis par des centrales hydroélectriques, dont celle de Supung sur le Yalu, entre le Liaoning et la Corée, et celle de Fengman sur le Sungari près de Jilin, l’une et l’autre construites par les Japonais au cours des décennies 1930 et 1940, mais ces fournitures n’atteignent pas l’ensemble du territoire faute d’un réseau de transport.

Tel est le point de départ de l’essor des sources commerciales d’énergie et, avec elles, de la diversification du bilan énergétique (tableau 2).

Tableau 2: Évolution de la structure de l’offre d’énergie 1950-2016.

– le charbon minéral est demeuré prédominant sur toute la période, mais, d’une position de quasi exclusivité au cours des décennies 1950 et 1960, il a peu à peu reculé sans passer au dessous de la barre des 70% jusqu’en 2010, avant de tendre vers les 60% avec le déclin de sa production à partir de 2013 ;Dans l’exceptionnelle croissance des disponibilités d’énergie commerciales au cours des 66 années qui suivent l’instauration du socialisme, les contributions des différentes sources ont sensiblement varié :

– le recul de la part du charbon a coïncidé, entre la fin des années 1960 et le début des années 1980, avec l’élévation de la part du pétrole sautant de 5 à 21%, mais, contrairement à l’évolution des mixes énergétiques des Etats-Unis puis de l’Europe occidentale, la substitution ne s’est pas généralisée, suite aux déconvenues de l’industrie des hydrocarbures sur le territoire chinois ;

– par la suite, ce n’est pas le gaz naturel qui jouera un rôle de premier plan dans la diversification du bilan énergétique mais l’électricité primaire, d’origine d’abord exclusivement hydraulique, puis nucléaire, éolienne et solaire photovoltaïque, après 2010.

 

Le règne du charbon roi

Le déclin de l’industrie minière chinoise au cours du 19ème et de la première moitié du 20ème siècle (Lire L’énergie en Chine : du début de notre ère à l’instauration du communisme) n’a jamais éliminé la place des combustibles fossiles solides dans les traditions et la culture technique de la société chinoise. C’est donc sur leur exploitation qu’est construit le nouveau système énergétique à partir de 1950.

Le pays demeure en effet riche en ressources charbonnières abondantes et réparties sur un territoire comportant environ 550 000 km2(6% de sa totalité) de terrains sédimentaires propres à contenir du charbon (figure 4). En quelle quantité ? Au début des années 1980, le stock en terre était estimé à 3 200 milliards de tonnes (Gt) jusqu’à des profondeurs de 1 500 mètres au nord et 1 000 mètres au sud[6]. Sur ce total, les réserves prouvées récupérables étaient évaluées à environ 100 Gt, dont 35% en charbons cokéfiables, le reste en charbons thermiques (steam coal), la plupart d’excellente qualité car à faible teneur en cendre et soufre et à pouvoir calorifique élevé (de 22 à 36 MJ/kg, soit 5 280 à 8 640 kcal/kg).

 

Plus récemment, les ressources ont été réévaluées à la baisse, soit 988 Gt, mais les réserves prouvées récupérables confirmées, soit 114,5 Gt, dont plus de la moitié sous forme de très bons charbons bitumineux, les trois quarts dans les provinces du Shanxi, du Shaanxi et de Mongolie[7].

A partir de 1950, l’exploitation de ces réserves a été reprise activement, faisant passer la production annuelle de charbon de 32,4 Mt en 1949 à 3 974 Mt en 2013, avant le début d’un recul de plus de 500 Mt en 2016 (tableau 3).

Tableau 3: Évolution de la production de charbon minéral 1949-2017.

Au cours de ces décennies, les changements ont été nombreux tant côté demande que côté offre. Les divers types de mines (des très grandes totalement mécanisées aux plus petites exploitées artisanalement à l’échelle du village) et les diverses régions (du Heilongjiang à l’extrême nord-est au Shanxi et plus récemment au Xinjiang à l’extrême ouest en pays Uigur) ont contribué à la production charbonnière de façon très variable au cours du temps, pour des raisons géologiques mais aussi économiques et politiques qui devront être expliquées.Cette vigoureuse croissance au rythme annuel moyen de 7,8 % entre 1949 et 2013 n’a pas été régulière. Après les presque 20% par an de la période de reconstruction, elle tombe à 7,7% en moyenne entre 1957 et 1978 sous l’effet des politiques du Grand Bond en avant puis de la Révolution Culturelle. La remise en ordre de la fin des années 1970 puis la libéralisation économique relancent la production mais dans des conditions qui provoquent une surproduction suivie d’une baisse des volumes extraits au cours des dernières années du 20ème siècle. Des réorganisations industrielles assurent alors le retour à une croissance vigoureuse, proche de 9% par an, jusqu’au coup d’arrêt de 2013.

 

Espoir et déception de l’industrie des hydrocarbures

Bien que de nombreuses découvertes de gaz naturel aient été faites dans le Sichuan, il y a plusieurs siècles, à l’occasion de forages destinés à se procurer de l’eau salée à l’aide de bambou, ancêtre du moderne tube de forage en acier, les hydrocarbures n’ont jamais occupé une place significative dans l’approvisionnement énergétique de la Chine avant 1950.

La méconnaissance des ressources en était-elle responsable ? Une mission de la Standard Oil avait conclu en 1915 que « A large part of the Chinese Republic consists of rock of type and age in which no possibility of commercial oil deposits exists »[8]. Après 1950, de gros efforts seront consentis pour trouver des hydrocarbures, dont ceux des Soviétiques qui déboucheront sur la découverte en 1959 du gisement géant de Daqing dans le bassin du Songliao, province du Heilongjiang. D’autres suivront au cours des années 1960 et 1970 dont celui de Shengli, dans la province du Shandong, ce qui laissera croire aux dirigeants chinois qu’avec des réserves pétrolières de 30 à 60 Gt (225 à 450 milliards de barils -Gb), dont un tiers en offshore, leur pays allait devenir un grand producteur, à l’instar de la Russie ou de l’Arabie Saoudite[9]. Ce rêve s’évanouira, lorsqu’au milieu des années 1980, le Oil and Gas Journal publiera des réserves prouvées de pétrole à 2,6 Gt.

La géologie est en effet formelle : alors que dans la majorité des pays du monde, les ressources pétrolières sont associées à des pièges structuraux formés dans des sédiments marins, la quasi totalité des bassins chinois détenteurs d’hydrocarbures résultent de dépôts continentaux, issues de forces géotectoniques liées aux contacts entre plaques du Pacifique à l’est et Indienne au Sud. Résultat : un grand nombre de petits réservoirs qui n’équivalent pas à quelques très grands, exception faite de Daqing et Shengli (figure 4). Depuis, en dépit de la poursuite des efforts d’exploration, les réserves de pétrole n’ont guère évolué : 2,2 Gt (16,4 Gb) en 1995 ; 2,1 Gt (15,6 Gb) en 2005 et 2,5 Gt (18,5 Gb) en 2015, soit 1,1% du potentiel mondial. Celles de gaz naturel ne sont pas plus considérables, en dépit de leur croissance au cours de la dernière décennie qui les ont fait passer de 1,7 trillons de m3 (Tm3) en 1995 à 1,8 en 2005 puis 3,8 en 2015, soit 2,1% des réserves mondiales[10].

La relative pauvreté du sous-sol chinois en hydrocarbures semble donc bien le principal facteur explicatif d’une croissance de pétrole brut et de gaz naturel sans comparaison avec celle du charbon minéral (tableau 4).

Tableau 4: Évolution de consommation et de la production de pétrole et de gaz naturel

 

Jusqu’en 2000, la place du gaz naturel dans le bilan énergétique chinois est encore moins brillante que celle du pétrole. Sans importation jusqu’au début du 21ème siècle, le pays n’utilise que le gaz extrait de son sous-sol. Après un démarrage tardif mais soutenu, au rythme annuel moyen de 19% jusqu’en 1980, la production se stabilise entre 15 et 20 Gm3 par an, avant de retrouver un 12% par an après 2000. Dans un contexte devenu beaucoup plus favorable au gaz, notamment pour desservir les grandes agglomérations par une source d’énergie moins polluante que le charbon, la production nationale ne suffit plus. Elle est complétée par des importations qui font passer la Chine à une dépendance gazière externe de 35% en 2016. A cette date, la production de gaz en Chine représente moins de 4% de la production mondiale.De négligeable en 1950, la part du pétrole dans la consommation des sources primaires a atteint 22% en 2000, avant de redescendre autour de 18%. Derrière cette contribution très modeste, des rythmes de croissance annuels moyens de la consommation qui n’ont cessé de décliner depuis les 27% des années 1950, aux 13%, puis 11% des décennies 1960 et 1970 pour finalement ne plus dépasser 7% par la suite et même 4% en fin de période. En cause, le modèle de développement, bien sûr, mais aussi les déconvenues de l’extraction de brut sur le territoire national. A la période de reconstruction, puis à l’essor des décennies 1960-1970 qui débouche sur une offre excédentaire, suivent des décennies de faible croissance de l’extraction (1,4 % par an, entre 1995 et 2016) contraignant la Chine à importer et élevant son taux de dépendance pétrolière externe de 30% en 2000 à 65% en 2016. A cette date, la production pétrolière en Chine représente moins de 5% de la production mondiale.

Une électrification à grande échelle

A l’opposé du succès mitigé des productions de pétrole et de gaz naturel, l’essor de la génération d’électricité a été spectaculaire depuis 1950 (tableau 5).

Tableau 5: Évolution de la production d’électricité

L’ampleur et la rapidité de cette électrification ont été l’une des composantes essentielles du bouleversement de l’économie et de la société chinoise depuis 1949. A preuve, le taux d’accès à l’électricité qui a sauté de 5 à 100 % au cours de cette période, tandis que la consommation moyenne d’électricité passait de moins de 10 à environ 4 400 kWh/habitant.L’extraordinaire taux annuel moyen de croissance de 30% des années de reconstruction chute à 8% entre 1960 et 1980 sous l’effet du Grand Bond en avant puis de la Révolution Culturelle, avant de repasser au dessus de 9% après les réformes de Deng Xiaoping. Il se stabilise à 7% à partir de 2010. Au cours de ces 66 ans, l’essor de la production d’électricité a reposé pour 80 à 88%, selon les années, sur une thermoélectricité, presqu’exclusivement alimentée au charbon, le reste provenant de l’hydroélectricité et du nucléaire après 1993. En toute fin de période, le ralentissement de la production hydroélectrique (4% entre 2015 et 2016), très largement compensé par le bond des productions éolienne (30%) et solaire (70%), a fait reculer à 71% la contribution de la thermoélectricité.

En conclusion d’étape

En 2016, avec 18,7% de la population mondiale et environ 15% du PIB mondial, la Chine absorbe 23% de l’énergie primaire consommée dans le monde (tableau 1). De par sa composition, très majoritairement charbonnière, cette consommation est à l’origine d’importantes émissions polluantes (S02, NOx, particules) qui dégradent l’environnement local et d’environ 30% des émissions mondiales de CO2 qui perturbent la stabilité climatique planétaire[11]. Les inflexions en cours de la politique énergétique chinoise suffiront-elles à stopper ces inquiétantes évolutions ? Pour le dire, il est indispensable de revenir sur les trois grandes étapes des transformations de la Chine depuis 1950.

 

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